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l’état général dressé par lui, leurs allocations respectives entre les différens services. Par exemple ces sous-comptables versaient dans les mains du duc, pour ses menues dépenses et plaisirs, à raison de 300 livres par mois, un comptant de 3 600 livres, dans celles de la duchesse, pour sa toilette et les gages de ses demoiselles et femmes de chambre, à raison de 400 livres par mois, 4 800 livres. La duchesse recevait pour ses aumônes une annuité dont le chiffre s’éleva en 1639 à 6 924 livres 19 sols. Les gages de l’intendant Robineau étaient de 400 livres par mois, ceux du maître d’hôtel Queret de 300, ceux de l’argentier Malortic de 150. L’administration et la comptabilité des grandes maisons présentaient naturellement, en même temps que de grandes analogies, certaines différences. Dans celle du marquis et de la marquise de Montausier, née Lucie d’Angennes, les charges, qui s’élevaient annuellement à 48 000 livres, ne comprenaient pas les gages, mais seulement les dépenses de bouche et sans doute aussi d’entretien. Le montant en était remis mensuellement par l’intendant non, comme chez les La Roche-Guyon et dans la plupart des grandes maisons, au maître d’hôtel et à l’argentier, mais au secrétaire du marquis, M. de La Châteigneraie. Les gages fixes de l’intendant ne dépassaient pas 2 500 livres par an. Dans la maison de Richelieu, qui était administrée avec autant d’ordre que de faste et dont les dépenses annuelles s’élevaient, sans compter les charges des deux compagnies des gardes et des mousquetaires et le personnel des écuries, pour 180 personnes et 140 chevaux ou mulets, à 316 902 livres 15 sols 6 deniers, il n’y avait pas d’intendant. C’est le maître de chambre qui en remplissait les fonctions. On y trouvait en revanche, comme dans les autres, un maître d’hôtel et un argentier et en plus un contrôleur. C’est sous leur surveillance et leur direction que fonctionnaient les différens services : cabinet, aumônerie, chambre, bouche, grande et petite écurie. Les inventaires après décès, en indiquant la destination des pièces des hôtels et des châteaux seigneuriaux, indique en même temps les différentes classes de serviteurs. Dans un inventaire de l’hôtel de Soissons, rue des Deux-Écus, à Paris, dressé en 1644, nous remarquons la fourrière, c’est-à-dire le magasin au fourrage et au combustible et aussi les gens de service commis à sa manutention ; la salle du commun, c’est-à-dire des bas officiers, la