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La Correspondance politique, que Bismarck chargeait d’entrer en rage lorsque cela ne valait pas encore la peine qu’il y entrât lui-même, prit un ton bien rude pour faire savoir que le Vatican jouait gros jeu, et que le chancelier avait les moyens de reprendre le Culturkampf « dans un style plus efficace. » On crut ainsi faire peur à Windthorst ; une image le montrait tout tremblant, racontant à cinq de ses collègues, effrayés comme lui, qu’il avait en rêve, vu le retour de Falk au pouvoir. Mais Windthorst et Schorlemer, sans prêter attention à de pareils spectres, concluaient un accord très précis avec les conservateurs Hammerstein et Koeller, et cet accord allait transformer le projet de loi.


VIII

On décida de repousser les articles 4 et 5, ainsi que le comportaient les indications du Vatican : la grosse question qui mettait aux prises la Curie et la cour de Prusse allait ainsi demeurer en suspens ; des libertés éventuelles et révocables, offertes à l’Eglise comme un appât, n’avaient, aux yeux de Windthorst, rien de commun avec la liberté. En revanche, les deux fractions alliées s’attaquaient à deux autres points de l’édifice des lois de Mai. D’une part, elles s’occupaient des exigences de ces lois au sujet de l’éducation cléricale : l’Etat demandait qu’on l’autorisât à en dispenser les clercs ; le Centre et les conservateurs préféraient stipuler certaines conditions, moyennant lesquelles les prêtres, indépendamment de tout caprice gouvernemental, devraient être, en droit, dispensés de l’examen d’Etat : il leur suffirait de faire la preuve par témoin, qu’ils avaient subi l’examen de sortie d’un gymnase, fait trois ans d’études théologiques dans une université allemande ou dans un séminaire prussien reconnu par l’Etat, et suivi régulièrement des cours de philosophie, d’histoire et de littérature allemande. D’autre part, le Centre et les conservateurs envisageaient les étranges articles par lesquels les lois de mai 1874 avaient accordé, soit aux patrons des paroisses, soit aux électeurs paroissiaux, le droit de pourvoir eux-mêmes aux cures vacantes : l’Etat, en 1880, avait proposé, vainement d’ailleurs, de subordonner à l’agrément du président supérieur l’exercice d’une telle prérogative ; les deux fractions alliées, allant plus loin, s’accordèrent sur un article qui la déclarait supprimée : elles ne voulaient plus qu’à