Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/596

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaires, et même de l’autel ? Les concessions de l’Etat n’endormaient pas Windthorst ; elles ne le débusquaient pas de son terrain de lutte. Il les acceptait, mais ne permettait pas qu’à leur faveur les questions plus graves, et vraiment décisives, fussent éludées.


Restons équipés, complètement équipés, criait-il au congrès catholique de Bonn. Nous sommes comme une armée pendant qu’on négocie les préliminaires d’une suspension d’armes, l’arme au pied, mais la poudre sèche, soit qu’il faille, contre nos désirs et nos espérances, combattre de nouveau, soit que nous puissions, à notre joie, tirer de joyeux feux de salve. Nous ne sommes pas encore au bout, mais l’aurore commence à poindre, et quand elle point, vous savez, cela avance constamment, et dans un proche délai, le soleil resplendit. Ce que nous avons demandé, ce que nous demandons, c’est le rétablissement de l’état de choses antérieur aux lois de Mai.


Les élections au Reichstag s’approchaient : le Centre, pour les préparer, redoubla d’ardeur. Adversaire systématique des nationaux-libéraux, il était tout prêt, là où il disposait d’une minorité notable, à ménager le succès d’un conservateur, ou le succès d’un progressiste, d’un homme de droite, ou d’un homme de gauche avancée : on demanderait à l’un et à l’autre ce qu’ils pensaient du Culturkampf, et quelles promesses ils donnaient, et l’on déciderait. D’un bout à l’autre de l’Allemagne, Windthorst appliqua cette tactique, sous l’œil déconcerté de Bismarck impuissant. Bennigsen, dans un discours à Magdebourg, expliquait que les nationaux-libéraux ne songeaient pas à prolonger le Culturkampf, que cette lutte avait été nécessaire, pour remettre en vigueur les vieux principes du droit territorial prussien ; que l’on pouvait, aujourd’hui, étudier les concessions compatibles avec les droits de l’Etat ; que les libéraux y étaient prêts, et que cette œuvre, peut-être, leur serait plus facile qu’elle ne l’était aux conservateurs. Windthorst laissait dire, agissait, et visant toutes les cimes, il faisait culbuter le prince de Hohenlohe lui-même, en Franconie, par un progressiste obscur : Hohenlohe payait ainsi de son mandai sa retentissante dépêche au prince de Reuss, du précédent mois de mai. Les nationaux-libéraux étaient partis 98 ; au Reichstag élu le 27 octobre 1881, ils rentraient 45. Les progressistes, qui naguère avaient 26 sièges, en avaient désormais 59 ; le Centre, qui comptait la veille 93 membres, en possédait maintenant 98 ; et ces 98 voix, jointes à celles des Polonais, des Guelfes, des Alsaciens, allaient être,