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épargner tout au moins la tristesse d’apposer sa signature au bas d’un acte de capitulation et de faire terminer les arrangemens concernant cet acte par le général Jarras, son chef d’état-major, puisque rétablissement d’un tel document le concernait et non pas d’autres !

Le général de Cissey, rentré à son quartier général de Longeville-lès-Metz, nous narra les incidens de cette cruelle soirée, et la nuit que nous passâmes, les uns et les autres, fut une nuit de désespoir et de larmes qu’on ne saurait jamais oublier !

26 octobre. — Distribution de 20 grammes de pain par homme et de 100 grammes de semence de trèfle et de luzerne pour faire de la bouillie.

Les hommes des quatre compagnies franches de la division, qui avaient rendu jusqu’au dernier jour des services signalés, rentrent à leurs corps respectifs et reprennent place dans leurs unités.

Le 57e régiment d’infanterie de notre division, qui avait été forcément maintenu au bivouac sous la tente, faute de place dans les villages de notre secteur, est reparti en entier dans Moulins-lès-Metz.

A 8 heures du matin, a lieu le grand conseil de guerre réuni au Ban Saint-Martin chez le maréchal Bazaine.

Le général de Cissey y est appelé pour rendre compte de sa mission de la veille à Frascaty.

Il fait savoir que le général de Sthiele avait particulièrement insisté sur la question de la remise de nos drapeaux ! Le général de Cissey lui avait alors répondu que, le gouvernement impérial ayant été renversé, ces drapeaux, suivant l’usage après un changement de gouvernement, avaient été versés à l’artillerie pour être brûlés !

On ne peut donc s’expliquer pourquoi l’incinération de nos drapeaux, formellement annoncée comme une chose déjà faite, n’a pas été réalisée avant la signature de la capitulation.

27 octobre. — Signature de la capitulation de la place de Metz et de l’armée qui était restée sous ses murs.

28 octobre. — Notre division verse ses armes à 4 heures du matin au fort de Plappeville.

Le général de Cissey fait ses adieux à ses vaillantes troupes ; il demande aux officiers de se mêler à leurs soldats, de soutenir leur moral dans une aussi pénible épreuve, de leur faire