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assurer le mouvement de la division Grenier, malheureusement dessiné un peu trop tôt. Nos batteries divisionnaires, devançant la brigade de Golberg, vont se mettre en ligne avec les batteries de réserve du 4e corps ; elles ouvrent un feu nourri sur les lignes prussiennes.

Bientôt arrive la brigade de Golberg, qui garnit la partie de la ligne de iront qui lui est assignée, de façon (pie la division de Cissey, après l’arrivée de la brigade Brayer, puisse se trouver rangée par brigades accolées sur deux lignes, sur la rive droite du ravin de la Cuve. Notre entrée en action permet de porter plus à droite une masse de cavalerie française qui continuera à former l’extrême droite de notre ordre de bataille général.

Mais, pendant notre entrée en ligne, l’ennemi recevait de nouveaux renforts, à la faveur desquels il prononçait un vigoureux retour offensif sur la division Grenier ; il l’obligeait à céder du terrain et à passer même assez brusquement en échelon défensif derrière nous. Notre masse d’artillerie, qui se sentit alors menacée à son tour, vint chercher rapidement une autre position plus en arrière.

A un certain moment, notre adversaire se crut assuré du succès ; il poussait nos tirailleurs, les rabattant sur notre masse, et sa tête d’attaque (brigade Vedel) s’avançait jusqu’à quarante pas de nous.

L’instant était critique, car, au même moment, un coup de mitraille ennemie balayait le général de Cissey et son état-major, dont un seul officier, le capitaine Garcin, était resté à cheval et indemne. Sans perdre une minute, le général de Cissey fut promptement dégagé de dessous sa monture qui venait d’être tuée, et alors qu’un officier allemand s’apprêtait à lui casser la tête ; il put remonter vivement à cheval en prenant celui du capitaine Garcin, qui venait de le débarrasser de l’officier ennemi. Alors, sur les ordres brefs et rapides du général, sa division s’ébranlant comme une masse puissante, se jette avec furie sur les troupes ennemies. Celles-ci, fauchées en même temps par notre artillerie, qui venait de prendre une position rapprochée très avantageuse, furent littéralement écrasées et vivement refoulées dans le fond du ravin de la Cuve qui nous séparait de Mars-la-Tour. A ce début de la lutte acharnée, le général Braver, commandant notre 1re brigade, et son aide