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équipages, dès qu’elle fut sortie du long défilé, elle put enfin atteindre Saint-Privat vers 11 heures du matin, après avoir marché à travers champs.

Un arrêt a Saint-Privat venait d’être ordonné, afin d’y faire le café, et d’y grouper en même temps les deux brigades de la division, qui avaient formé deux échelons de marche, mais, à ce moment même, une très forte canonnade éclata du côté de Gravelotte, Mars-la-Tour. On put pressentir tout de suite, à la vivacité et à l’intensité du feu, une sérieuse attaque dirigée contre l’armée française pour l’empêcher de poursuivre sa marche sur Verdun.

Fidèle au principe de courir au canon, le général de Cissey, sans songer un instant à attendre passivement des ordres du commandement supérieur, prescrit de renverser les marmites et de se remettre en marche vers Doncourt, tout en prenant sa direction sur la ferme de Butricourt.

C’était aller droit à l’attaque allemande. La brigade de Golberg, 2e de la division, marche en tête : la brigade Brayer, 1re de la division, s’arrête quelques minutes à Saint-Privat pour reprendre haleine, puis elle doit continuer à la suite de la 2e brigade, formant comme auparavant le deuxième échelon de marche.

La division de Cissey est, à partir de Saint-Privat, en formation de marche condensée ; elle coupe à travers champs pour atteindre le terrain de la lutte dans le minimum de temps. Un officier, envoyé par le général de Ladmirault, arrive au galop, annonçant qu’une grande bataille est engagée et qu’il est urgent de hâter le plus possible notre marche, pour arriver au secours de la division Grenier, déjà fortement aux prises avec l’ennemi et qui a un impérieux besoin d’être secourue. La chaleur est écrasante, nous franchissons 10 kilomètres sans nous arrêter, l’infanterie en colonnes par sections, l’artillerie par demi-batteries, les troupes bien massées. Pas un homme ne reste en arrière.

De la ferme de Batricourt, où le général de Cissey, suivi de son état-major, s’est porté au galop, il est facile de se rendre compte que la bataille du 16 est en plein développement.

L’intention indiquée par le général de Ladmirault, commandant du 4e corps, est de tourner l’aile gauche ennemie par Mars-la-Tour ; il fait canonner vigoureusement l’adversaire, pour