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chances pour qu’elle revînt de préférence au premier. Seulement il aurait fallu pour cela que la Convention démocrate élût un candidat modéré, comme avait fait la Convention républicaine : la fraction avancée des deux partis n’étant alors représentée nulle part, la scission aurait pu se produire à Baltimore comme à Chicago et on aurait réuni sous une nouvelle bannière tous les mécontens, devenus des dissidens. Les choses ont tourné autrement ; la Convention démocrate a élu un candidat avancé, plus avancé même que M. Roosevelt, et, au lieu d’une scission, c’est l’union qui s’est faite pleine et entière. M. Clarke s’est désisté et a voté pour M. Wilson, qui a eu alors l’unanimité. M. Clarke a été le premier à le féliciter ; M. Bryan a déclaré qu’après avoir porté si longtemps le drapeau du parti, il était heureux de le remettre entre ses mains. Tout le monde s’est embrassé dans le Camp démocrate et, si les sentimens exprimés sont sincères, si la résolution arrêtée est définitive, chaque opinion ayant son représentant, l’opinion modérée dans M. Taft et l’opinion radicale dans M. Wilson, il est à craindre pour M. Roosevelt qu’il ne trouve plus sa place et ne reste seul avec quelques fidèles. Mais on connaît l’homme, rien ne le décourage ni ne le lasse, il est déjà revenu de loin, il a dans l’opinion une force immense dont il sait jouer. L’élection présidentielle n’aura lieu qu’en novembre : il serait prématuré de dire qu’il n’y aura que deux candidats en présence à ce moment et, s’il y en a trois, il serait téméraire de dire quel est celui qui l’emportera. Contentons-nous de constater que la Convention de Baltimore a manœuvré de manière à enlever à M. Roosevelt le plus gros atout de son jeu.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.