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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La Chambre poursuit la discussion de la réforme électorale au milieu des incidens les plus divers, les plus passionnés, les plus désordonnés ; les partisans du système majoritaire les multiplient avec acharnement ; mais, en dépit de leurs efforts, la réforme marche, avance, est sur le point d’aboutir. La grande bataille a été livrée sur la question du quotient électoral dont nous avons à maintes reprises expliqué le caractère et l’intérêt. Le gouvernement demandait, — et il posait à ce sujet la question de confiance, — que le quotient électoral fût calculé sur le nombre des votans et non pas sur celui des inscrits. S’il l’avait été sur le nombre des inscrits, les difficultés relatives à l’attribution des restes seraient devenues inextricables. Le gouvernement l’a emporté. Ce cap des tempêtes, une fois doublé, devenait un cap de bonne espérance avec un horizon éclairci, et si les partisans du régime majoritaire ne se sont pas découragés, c’est qu’ils sont, qu’on nous passe le mot, indécourageables, comme des gens qui combattent pour leur vie même, avec toute la violence du désespoir.

Le projet du gouvernement n’a été jusqu’ici fortement amendé que sur un point dont il n’avait pas fait une question capitale, à savoir le groupement de plusieurs petits départemens en une seule circonscription électorale. Ce groupement se rattachait à des idées très recommandâmes, mais peu populaires à la Chambre et qui se heurtaient à des mœurs administratives et politiques depuis longtemps établies. M. Poincaré s’est rendu compte des résistances qu’il rencontrerait et il a renoncé à se sacrifier pour les vaincre, remettant à l’avenir le soin de prouver qu’il avait raison, que ses vues étaient aussi justes que larges, enfin que la réforme, pour réaliser pleinement le scrutin de liste avec représentation proportionnelle, avait besoin de