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exposer d’une manière positive dans sa politique ce besoin de meilleures relations. » — Messieurs les Anglais, ne tirez pas les premiers ! — « Pour le peuple allemand, au cours d’une crise grave et dangereuse, il a eu confiance. Il ne doit pas être abattu, il ne doit pas être provocant. Souhaitons que ce peuple reconnaisse aujourd’hui ce qu’il se doit à lui-même. » Par cette phrase, dont j’ai légèrement interverti l’ordre, le chancelier allemand nous rappelle qu’il va bientôt y avoir des élections au Reichstag ; peut-être, dès le lendemain du « coup d’Agadir, » ne nous en sommes-nous pas toujours assez souvenus.


En somme, puisque les Communes anglaises et le Reichstag allemand ont déjà parlé, et que, comme de juste, sir Edward Grey a parlé en anglais, et M. de Bethmann-Hollweg en allemand, il nous reste à parler dans les Chambres françaises, et à y parler en français. Peu s’en est fallu qu’on n’y parlât pas du tout. Un député, M. Lucien Hubert, dans des vues certainement excellentes, a proposé que l’on votât à la muette cet accord franco-allemand négocié pendant trois mois à la sourdine. L’idée, qui d’abord avait séduit, a paru, à la réflexion, impraticable. On parlera donc, en tâchant seulement de ne point mêler à la discussion un tas de choses qui y seraient par trop grossièrement cousues. Ce sont de bonnes dispositions, et dont on ne peut que se féliciter. La Commission des affaires extérieures, à qui quelques-uns ont reproché sa curiosité, au demeurant insatisfaite, a montré la voie. Son rapport est un chef-d’œuvre de circonspection. Mais les annexes en seront très commodes, et il contient deux cartes bien lisibles du Maroc et du Congo.


Me plaindrai-je de la Providence qui, si elle fait des quinzaines vides, a fait celle-ci toute pleine ? Tripoli, les Dardanelles, la Perse, la Chine nous sollicitaient à l’envi. Mais, réduits à choisir, nous avons choisi au plus près ce qui nous touche de tout près. Et voici que le débat à la Chambre va s’ouvrir, et qu’en présence de l’Angleterre, la conversation franco-espagnole est ouverte.


'CHARLES BENOIST.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.