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prendre une époque. Les Russell et les Gardner, sans pouvoir être comparés à La Tour, à Perronneau, à Chardin, ni prétendre rivaliser avec eux, créeront des œuvres très différentes des leurs, mais d’une grande originalité : ils rendront le charme des grandes dames et des actrices, ils seront les poètes de l’enfance. {{M.|R. R. M.-Sée}, dans son résumé des Pastels anglais [1](entre 1750 et 1830), s’est proposé de donner une idée générale de ce groupe d’artistes, dont les plus célèbres seulement sont bien connus en France, mais dont beaucoup d’autres méritent d’être appréciés. À côté des maîtres comme Ozias Humphrey, Cotes, Downman, voici Pierre Romney, Gainsborough et Lawrence. Chinnery, Benwell, Locke, Pack et Catherine Read, Albinia, comtesse de Buckinghamshire, ainsi que lady Diana Beauclerck et le marquis de Townshend étaient capables d’œuvres charmantes ; les académiciens John Constable, Cosway, Cipriani, Hamilton, Kauffmann, John Opie et William Peters s’exercèrent tous avec succès dans l’art du pastel.

Aujourd’hui que les Anglo-Saxons goûtent de plus en plus notre XVIIIe siècle, M. R. R. M.-Sée a pensé qu’il sied de remémorer par un juste retour le mérite de talens délicats qui ont illustré leur pays. C’est grâce à sa persévérance et à celle de M. Robert Dell, on s’en souvient, qu’une exposition, éminemment représentative de l’art anglais du XVIIIe siècle, a été organisée naguère à Paris. On a pu y voir des œuvres exquises au pastel, au crayon, à la gouache, dont quelques-unes sont reproduites dans ce livre. {{M.|R. R. M.-Sée} s’est aidé pour le faire des documens que l’éminent et érudit C. Williamson a pu rassembler en écrivant les mémoires de certains de ces peintres, trop oubliés ou passés de mode, et qu’à son tour il a prétendu remettre à leur véritable place en présentant l’œuvre de ces pastellistes, si délicieusement illustrée, dans ces exactes reproductions, en noir et en couleurs. On peut placer à côté de cet album le Meuble et la Décoration en Angleterre de 1680 à 1800 [2]où l’Angleterre produisit des pièces de haut style, celles des Chippendale et des Sheraton, celles des frères Adam et d’Hepplewhite, auxquelles les ébénistes contemporains demandent parfois, encore aujourd’hui, leurs modèles. Les planches et les gravures contenues dans cet ouvrage constituent un véritable musée du meuble anglais.

On a souvent comparé le génie français au génie grec et fait ressortir les qualités d’harmonie et d’équilibre, de charme et de goût

  1. Hachette.
  2. Hachette.