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QUELQUES ÉPISODES
DE LA
JEUNESSE D’UNE MIRABEAU
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS

II[1]


IV. — L’ENLÈVEMENT DE SOPHIE DE MONNIER

On trouvera relatées ici pour la première fois les circonstances de l’événement le plus fameux de la vie passionnelle de Mirabeau.

En même temps qu’elle éloignait son frère à deux cents lieues de Pontarlier, Mme de Cabris tâchait d’endormir les soupçons de Sophie de Monnier, à qui sa politique de tergiversations et de saccades semblait louche à la fin : « Mais, mon ami, écrivait Sophie à son Gabriel, le 1er août, Louise est donc fausse ? Que de contrariétés dans sa conduite !… Eh bien ! qu’elle n’y vienne pas, dans notre retraite… » Louise avait commencé par refuser de s’associer à leur exode en Angleterre, continué par y mettre des conditions impraticables, et fini par s’en rapporter à la décision de Pylade. Il avait fallu ainsi des semaines et des mois pour l’amener par degrés à ce demi-consentement. Chaque fois qu’elle avait gagné quelque chose sur Louise, Sophie l’avait

  1. Voyez la Revue du 1er décembre.