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même présumer qu’elle puisse nous devenir ennemie. Du reste, si elle changeait de politique, ce que je ne crois pas, nous aurions toujours le temps de nous entendre.

— Soit, limitons-nous donc à la France ! Mais sur quelles bases devra s’élever notre traité ?

— L’alliance aura à être défensive et offensive ; et cela, non point parce que je désire la guerre, — que je ferai tout le possible pour éviter, — mais en raison de la nature même des choses. Imaginez, par exemple, que les Français rassemblent 200 000 hommes à Lyon. L’objet qu’ils auraient en vue serait manifeste. Or, devrions-nous attendre qu’ils nous attaquassent ?

— C’est fort bien ! Je rapporterai au Roi vos idées, et nous vous enverrons les mandats réguliers pour la stipulation des deux traités.

— Pour le traité sur la réciprocité de l’exercice des droits civiques dans nos deux pays, vous pourrez envoyer les pouvoirs à votre ambassadeur. Mais pour l’alliance, je préférerais traiter moi-même avec vous.

— C’est entendu. Je parlerai de ce sujet à S. M. le Roi, et prendrai ses ordres.

— J’ai vu Andrassy, et lui ai dit que vous étiez venu chez moi, et que le gouvernement italien désire vivre en bonne amitié avec l’Autriche. Il en a été très heureux et m’a chargé de vous saluer. Dans la suite de notre causerie, je lui ai dit que l’Italie ne voudrait pas que l’Autriche prît pour soi la Bosnie et l’Herzégovine.

Les affaires russes vont mal ; et, pour cette année, la campagne est finie. L’Autriche n’a aucune intention de bouger.

Vous feriez bien de voir Andrassy. Vous trouveriez en lui un excellent ami.

— Permettez-moi, Altesse, de vous entretenir encore d’un sujet qui est d’un intérêt vital pour l’Italie !

Pie IX est très vieux, et, par conséquent, ne tardera pas à partir de ce monde. Nous aurons donc un conclave pour la nomination du nouveau pape. Il est vrai que vous, gouverne-mont protestant, vous n’êtes pas dans la position des gouvernemens catholiques pour vous préoccuper de la future élection du pontife romain : mais vous avez, en Allemagne, des populations catholiques et un clergé catholique, et vous ne pouvez pas vous désintéresser de ce qui adviendra au Vatican.