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catholiques, une reine catholique, et même française, un clergé inquiet, qu’il faudra soumettre à des lois spéciales pour l’obliger à se tenir tranquille. Nous sommes intéressés au maintien de la paix. Si même l’on nous offrait quelque province catholique de l’Autriche, nous la refuserions.

C’est ainsi qu’on a insinué que nous désirons la Hollande et le Danemark.

Mais qu’en ferions-nous ? Nous avons déjà assez de populations non allemandes pour ne plus en désirer d’autres. Avec la Hollande nous sommes en bons termes, et nos relations avec le Danemark ne sont pas mauvaises. Aussi longtemps que je resterai ministre, je serai avec l’Italie : mais, tout en étant votre ami, je n’ai pas l’intention de rompre avec l’Autriche.

En 1860, je me trouvais à Pétersbourg ; mais j’étais avec vous de cœur. Je suivais le détail de vos succès, et m’en réjouissais infiniment, parce que vos succès convenaient à mes idées.

Après tout cela, je dois vous répéter que notre désir est de vous voir amis de l’Autriche. Dans la solution de la Question d’Orient, ou peut trouver un moyen d’accord, en vous autorisant à prendre, par compensation, une province turque sur l’Adriatique, tandis que l’Autriche prendrait la Bosnie.

— Une province turque sur l’Adriatique ne saurait nous suffire. Nous ne saurions qu’en faire.

Nous n’avons pas de frontières du côté de l’Orient : l’Autriche s’étend au-delà des Alpes, et peut entrer dans notre royaume quand il lui plaira. Nous ne réclamons rien aux autres ; nous serons fidèles aux traités : mais nous voulons avoir la sécurité chez nous. Dites bien cela au comte Andrassy !

— Non, je ne veux pas toucher à la question de la Bosnie, et bien moins encore à celle de vos frontières orientales. Laissons cela pour l’instant ! Je ne veux pas aborder de sujet qui pourrait déplaire au comte Andrassy, attendu que je désire conserver son amitié.

— C’est bien ! faites comme vous le jugerez bon !

Et maintenant, dites-moi un peu : vous-tenez à la paix, et vous espérez que celle-ci pourra durer.

Nous avons à aborder l’hypothèse d’une victoire possible, en France, du parti réactionnaire, et d’un retour possible de la