de Vienne deviendront amicales, et même, avec le temps, cordiales. Que si, cependant, vous vous engagez contre l’Autriche, j’en serai désolé ; mais nous ne ferons point la guerre pour cela !
En cet instant, la porte s’ouvre, et je vois entrer le comte Herbert de Bismarck avec une liasse de télégrammes. Il les donne à son père, qui, après les avoir lus, indique les réponses à y faire ; et le comte s’en va.
Presque immédiatement après se présente la princesse de Bismarck, qui apporte à son mari une eau gazeuse minérale.
Je me lève ; et le prince :
— Ma femme !
Je présente mes complimens à la princesse, qui ne tarde pas à se retirer, lorsque le prince a fini de boire. Demeurés seuls de nouveau, je reprends la parole :
— Je comprends fort bien votre attitude à l’égard de la cour de Vienne, et je l’admets.
Permettez-moi, pourtant, de vous faire observer que l’unité germanique n’est pas encore achevée. De 18G6 à 1870, vous avez fait des miracles : mais maintes populations allemandes restent encore en dehors du territoire de l’Empire, et certainement, tôt ou tard, vous saurez les attirer à vous. Le territoire autrichien, en particulier, ne paraît pas vous déplaire. Vous venez ici tous les ans, et ce Gastein qui forme, avec les Alpes, la vraie frontière de l’Allemagne, a pour moi une signification symbolique. Ce pourrait bien être aussi une prédiction…
— Ah ! non, vous vous trompez ! Je suis venu ici, pareillement, avant 1866. Et d’ailleurs, écoutez :
Nous avons à gouverner un grand Empire, un Empire de 40 millions d’habitans, avec de vastes frontières. Cela nous donne beaucoup à faire, et nous ne voulons point, par ambition de conquêtes nouvelles, risquer de perdre ce que nous possédons. L’œuvre à laquelle nous nous sommes consacrés absorbe tout notre temps et toute notre pensée.
Nous avons bien des difficultés à surmonter. Le Roi, à son âge, ne peut pas recevoir de grandes secousses. Il a fait énormément pour l’Allemagne, et mérite bien de se reposer.
Nous avons, dans notre territoire, plusieurs princes