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afin de faire illusion au peuple, a besoin d’être batailleur : d’où il résulte que les dynasties sont contraintes de chercher querelle aux voisins. Il en a été ainsi toujours, en tous les temps, et vous en trouveriez maints exemples, à commencer par le règne de Louis XIV.

Pour l’Autriche, la position est tout autre. Je ne puis supposer le cas où l’Autriche nous serait ennemie ; et je vous dirai franchement que je ne veux pas même prévoir cette éventualité.

Demain, je dois me rencontrer avec le comte Andrassy, et, en causant avec lui, je veux l’assurer en confiance que je n’ai d’engagemens avec personne, et que je lui serai ami.

La guerre russo-turque a été faite contrairement à toutes prévisions, et cependant l’Autriche n’a pas eu besoin de passer la frontière. J’espère que ce besoin ne viendra pas pour elle, et que la lutte sera circonscrite entre les deux combattans, et pourra rester localisée. Nous tenons à ce que l’Autriche et la Russie soient amies, et nous chercherons à les maintenir telles.

On peut discuter les diverses hypothèses suivant lesquelles il convient de résoudre la Question d’Orient ; et l’on peut aussi déterminer certains critères pour procéder d’accord. Mais il faut convenir que l’armée russe n’a pas été heureuse jusqu’ici, et qu’on ne saurait prévoir quand arrivera la fin de la guerre.

Le Tsar aura encore à faire de grands efforts. Si l’armée russe était finalement vaincue, le Tsar pourrait avoir des ennuis chez lui.

Quoi qu’il en soit, c’est une affaire qui le regarde : mais je dois vous avouer que, dans cette Question d’Orient, l’Allemagne n’a aucun intérêt, et que, pour nous, n’importe quelle solution sera toujours acceptable, pourvu qu’elle ne trouble pas la paix européenne.

— J’admire votre franchise, — répondis-je, — et je puis vous assurer que moi-même, à votre place, je ne parlerais pas autrement.

Il reste donc entendu que nous ferons une convention pour assurer aux Allemands en Italie et aux Italiens en Allemagne l’exercice des droits civils, de la même façon qu’en jouissent les nationaux. À cette convention pourrait servir de base l’article 3 du Code civil italien, qui accorde ce bénéfice aux étrangers.