Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/731

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S. Exc. a paru se rendre à mes argumens ; et lorsque je l’ai vue aussi bien disposée, j’ai cru l’occasion favorable pour transporter notre entretien sur un autre sujet, celui de l’application à nos concitoyens, sur le territoire de la République, des dispositions de l’article 3 de notre Code civil.

J’ai expliqué l’objet et les origines de cet article, raconté les tentatives entamées naguère pour en faire accueillir les principes en France, au moyen d’une convention internationale ; et enfin j’ai fait allusion à la jurisprudence de nos Cours suprêmes, qui, dès maintenant, avaient commencé à appliquer aux Français en Italie l’article XIV du code Napoléon. Je n’ai pas omis non plus d’établir que, sûrement, un traité sanctionnant un tel progrès produirait chez nous un excellent effet.

Le ministre m’a écouté avec une attention bienveillante, et s’est déclaré prêt à négocier. Il m’a dit qu’il allait rechercher les précédons et les étudier, afin que nous pussions, une autre fois, nous entretenir à fond de la question et aboutir à une conclusion. Lui aussi, il reconnaît la nécessité que l’article 3 de notre Code civil soit admis en France en faveur des Italiens ; et il m’a promis de mettre tout en œuvre pour que notre demande se trouve satisfaite.

Dans ces paroles de S. Exc. apparaissait clairement le désir de prouver, par des actes nouveaux, que la France nous est et nous sera amie ; et c’est encore à cette fin que S. Exc. m’a parlé de l’empressement avec lequel son gouvernement avait consenti à la signature du traité de commerce. Elle m’a dit que, d’ailleurs, nous nous reverrions bientôt.

J’ai été pleinement satisfait de l’attitude du duc Decazes et de l’ensemble de ses paroles. Il faudrait vraiment le supposer un bien grand simulateur pour douter de son langage. Il n’a fait que se louer de notre gouvernement ainsi que de notre peuple, et s’est montré plein d’admiration pour notre Roi. Il m’a dit que nous avions fait preuve d’une grande sagesse politique, et que notre conduite avec le Vatican avait été correcte. Là-dessus je crois devoir rapporter à Votre Excellence une opinion qu’il a exprimée devant moi et dont l’importance n’échappera pas à votre sagacité. Le duc Decazes s’est dit convaincu, — et m’a déclaré l’avoir répété à ses collègues, — que, à la mort du Pape, le conclave fonctionnerait au Vatican avec toute la plénitude de