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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Quoique les Chambres fonctionnent depuis trois semaines, on ne se préoccupe pas beaucoup de leurs travaux : toute l’attention continue de se porter sur la politique extérieure. Rien de plus naturel : comment s’intéresser beaucoup, par exemple, malgré l’importance des sujets traités, à la discussion de la question des poudres à la Chambre ou à celle de l’administration de l’Ouest-État au Sénat ? Il en résulte, avec une évidence aveuglante, que l’État est un détestable fabricant et un encore plus mauvais administrateur industriel, s’il est possible. Mais tout le monde le savait et les faits que M. Danielou a entassés sur la tribune de la Chambre et M. Jénouvrier sur celle du Sénat ont seulement confirmé une opinion très générale. Ce qui enlève aussi de leur gravité à ces débats, c’est leur conclusion uniforme : le gouvernement est chargé de réparer le mal qu’il a fait. Il ne manque pas de le promettre, bien entendu ; il avoue loyalement ses torts et fait modestement son mea culpa ; il est le premier à reconnaître les malfaçons que tout le monde dénonce : cela suffit, les Chambres lui accordent leur confiance. Que la bonne volonté du gouvernement soit sincère, nous en sommes convaincus ; la question est de savoir si elle sera efficace et c’est ici que nos doutes commencent. Pour qu’elle le fût en effet, il faudrait avouer qu’on s’est trompé du tout au tout, renoncer à l’administration directe des chemins de fer par l’État, supprimer résolument le monopole des poudres. Mais on s’arrête à des demi-mesures en s’engageant à faire mieux. Alors l’attention publique se fatigue et se porte sur d’autres objets.

Quant au budget, il faut rendre à la Chambre la justice qu’elle s’y acharne avec une grande activité. Elle a même pris des mesures de précaution contre elle-même en décidant que, dans la discussion