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horreurs, monstruosités sacrées ! Voici la sublime phalange des Dieux grecs qui descend lentement des cimes dorées de l’Olympe. »

Doit-on cependant regretter avec Houssaye lui-même que l’Histoire d’Apelles ait été écrite ? Je ne sais. Tout d’abord l’œuvre témoigne d’un travail de recherches dont la preuve se trouve dans les références que, suivant une méthode à laquelle il restera fidèle, le jeune historien accumule. D’autre part, l’œuvre qui est, en apparence, une simple biographie, doit être tenue réellement pour un très curieux essai sur l’histoire de l’art grec et l’on y trouve des pages vraiment bien venues. Enfin, si le style est outré, il révèle une bien riche nature. Houssaye dut à cette abondance romantique des débuts et à cette liberté de composition une aisance extrême. « Quand j’ai commencé d’écrire, disait-il, je poursuivais le mot rare… Depuis bien longtemps, je ne poursuis plus que le mot juste. Si même il me vient un mot rare, je m’efforce de le remplacer par un autre. Je crois qu’on peut tout dire, et avec une extrême précision, à l’aide d’un vocabulaire très restreint. » Rien de plus vrai ; mais la recherche des « mots rares, » lorsqu’on est jeune, prépare fort souvent à trouver plus tard « les mots justes. » Connaître, comme Hugo, le plus de mots possible, c’est amasser un riche trésor où puiser. A y bien regarder, Houssaye accumulait lui aussi des richesses qui, un jour, lui permettront de n’être jamais sec dans la concision, ni pauvre dans la simplicité.

L’Histoire d’Apelles méritait d’arrêter : elle permet de mesurer, en dernière analyse, ce qu’un homme d’esprit peut tirer de leçons de ses propres avatars.


« Voici la sublime phalange des Dieux grecs qui descend lentement des cimes dorées de l’Olympe. »

Le jeune homme qui écrivait ces lignes n’avait pas encore vu les « cimes dorées de l’Olympe. » L’invocation à Aphrodite, — cette Kypris Anadyomène dominant l’œuvre d’Apelles, — c’était de l’avenue Friedland qu’elle partait. Mais l’Histoire d’Apelles n’avait pas paru en librairie que, déjà, son auteur, frémissant de passion, courait vers l’Acropole, comme les jeunes gens de