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L’ÉMEUTE DE TUNIS
ET
LE RÉVEIL DE LISLAM

Un peu partout, sur les murs de nos places et de nos gares, même les plus humbles, on peut voir de superbes affiches en couleurs, qui, de très loin, requièrent impérieusement l’attention. Cela représente une ville de féerie enveloppée dans toutes les flammes et toutes les pourpres du couchant, avec des maisons vermeilles, un minaret octogone coiffe d’un toit pointu, et, au premier plan, des chameaux pleins de dignité, qui défilent d’un pas circonspect de figurans bien stylés ; — ou, rangés sur le quai d’un port, entre deux palmiers, des hommes au teint basané, noblement drapés dans les plis de leurs burnous, ou encore une dame brune, accroupie devant les créneaux d’une terrasse, en veste brochée et culotte de gaze pailletée d’argent, derrière laquelle une petite négresse brandit un parasol ; — et, les uns et les autres contemplent avec l’expression la plus sympathique, ou un air de tendre mélancolie, un beau paquebot blanc et rouge voguant sur les flots paisibles d’une mer toute bleue. Cette ville en or, qui semble faite uniquement pour le plaisir des yeux, c’est Tunis, — et ces aimables et magnifiques personnages qui considèrent leurs hôtes d’Europe avec un si affectueux intérêt, ce sont nos bons et loyaux sujets d’Algérie et de Tunisie.

Évidemment, — du moins j’aime à le croire, — personne