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poudrerie à la Marine, celle du Pont-de-Buis par exemple, qui est peu éloignée de Brest (tout près de Châteaulin). Seulement, de nombreuses difficultés surgiraient si on voulait la faire diriger par le personnel maritime. Des spécialistes sont indispensables. Il suffit d’en détacher quelques-uns du corps des Poudres et Salpêtres pour les soumettre à l’autorité de la rue Royale ; ce qui n’empêchera pas de leur adjoindre des ingénieurs d’artillerie navale spécialisés. Dans tous les cas, la poudrerie rentrerait dans le service de l’Artillerie navale. La fin du monopole obligera d’ailleurs cette dernière à assumer un contrôle effectif des poudres commandées à l’industrie ou aux usines d’Etat, contrôle portant sur toutes les phases de la fabrication. Ce contrôle qui s’étendrait à la poudrerie navale devrait être exercé par des ingénieurs d’artillerie ayant assez vécu de la vie des escadres pour en comprendre les nécessités.

Les rapprochemens que nous venons de prévoir entre producteurs et consommateurs resteraient encore insuffisans, si l’influence de ces derniers ne se faisait pas sentir par voie d’autorité. Mais l’autorité suppose une compétence. Il semblera donc indispensable qu’un certain nombre d’officiers de marine, deux au moins, prennent part au contrôle et fassent auparavant un stage dans les usines. Les moyens d’autorité peuvent être les suivans. D’abord, le service d’Artillerie navale peut avoir à sa tête un officier navigant, un amiral. Bien des propositions ont été faites pour soumettre chez nous, à l’imitation de l’Angleterre, les grands services techniques à la direction d’officiers de marine ; mais le terme de « direction » lui-même fait apparaître les obstacles : un service technique ne saurait être dirigé dans son détail que par un technicien : il peut seulement l’être de haut par un militaire. C’est la formule de ces attributions de présidence qui reste à trouver, en ce qui concerne notre marine.

Pour que les nécessités révélées par la pratique au personnel navigant soient toujours prises en considération dans la rédaction des règlemens et cahiers des charges, il faut enfin que ce personnel occupe, dans les conseils et comités relatifs aux poudres, une place proportionnée à son rôle. C’est ce qui n’est pas. Des trois organes de ce genre adjoints au ministère de la Guerre et chargés de préparer les décisions de principe, l’un, la Commission mixte de fabrication des poudres et explosifs de guerre, présidée par M. Vieille, comprend cinq officiers de