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et la responsabilité en haut et de restaurer la discipline en bas. Quand on aura fait cette réforme, nous ne perdrons plus nos chefs-d’œuvre dans nos musées et nous conserverons nos navires dans nos ports.


Que dire des négociations franco-allemandes ? A mesure qu’il s’allonge, le fil en devient de moins en moins distinct : il se perd dans le mystère, d’ailleurs très naturel et très légitime, dont les deux gouvernemens s’entourent. On ne sait plus où nous en sommes. Les notes officieuses, officielles même, nous assurent que la négociation continue de bien marcher, que les pronostics sont favorables, que l’accord est sur le point de se faire, qu’on n’est plus séparé que par des divergences de rédaction. S’il ne s’agissait que de divergences aussi peu importantes, les deux gouvernemens seraient inexcusables de s’y obstiner aussi longtemps. C’est pourquoi l’opinion finit par croire qu’il s’agit de choses plus sérieuses. Mais lesquelles ?

Le journal le Temps a expliqué, un de ces derniers jours, qu’avant de conclure la première partie de l’arrangement, le gouvernement impérial montrait quelque curiosité de savoir ce que serait la seconde. Peut-être en est-il ainsi : les deux parties de la négociation ne peuvent pas être rendues absolument indépendantes l’une de l’autre, et l’Allemagne n’aurait vraisemblablement pas consenti à s’engager sur l’une, si elle n’avait pas eu déjà quelque notion de ce que serait, ou pourrait être l’autre. C’est cette notion qu’il s’agirait maintenant de préciser. Soit : puisqu’il faudra en venir là un jour ou l’autre, le plus tôt sera le mieux. Nous avons dit que le gouvernement impérial avait commis une faute en faisant durer hors de toute mesure la discussion sur le Maroc, parce que les esprits, chez nous, s’étant énervés, puis excités, la négociation sur le Congo en deviendra plus laborieuse. Ce qui était vrai hier l’est devenu chaque jour davantage, et c’est à quoi on ne paraît nullement songer à Berlin. La conciliation, certes, est désirable, mais il faut qu’on nous la rende possible. Les bruits les plus divers ont couru sur la manière dont la négociation avait été engagée, mais la plupart de ces bruits ont été l’objet de démentis. Des cartes ont été publiées sur les demandes de l’Allemagne et sur les concessions éventuelles de la France, mais elles ont été taxées d’inexactitude. En réalité, nous ne savons rien de certain. Contentons-nous de dire qu’il serait dangereux de prolonger plus longtemps cette incertitude et que, s’il est vrai que le gouvernement