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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Pour l’observateur qui promène ses regards sur la surface du monde, les événemens ont été rarement plus pressés et plus compliqués qu’aujourd’hui. Ils s’accumulent et se précipitent avec une extraordinaire rapidité, sans que d’ailleurs, sur aucun point, un dénouement définitif se produise : bien au contraire ! Aussitôt d’ailleurs qu’on croit avoir atteint ce dénouement sur un point, ou s’en être rapproché, d’autres questions se posent, un nouvel ordre de faits commence et nous sommes replacés en face de l’inconnu. Depuis plus de deux mois, des négociations laborieuses se poursuivent à Berlin ; on aurait tort de les croire terminées, mais elles ont fait un pas assez important pour que la conclusion commence à se dessiner sous une forme plus précise et plus prochaine : au même moment, l’Italie part en guerre et étend la main sur la Tripolitaine. Après l’Espagne, l’Allemagne, après l’Allemagne, l’Italie : tout cela est dans l’ordre. Nous avons moins que personne le droit de nous en étonner, puisque nous avons donné à l’Italie ses coudées franches en Tripolitaine en même temps qu’elle nous donnait les nôtres au Maroc ; les arrangemens que nous avons conclus avec elle sur le principe de la réciprocité nous imposent à son égard des obligations étroites que nous respecterons loyalement ; notre bienveillance lui est due et lui est acquise ; mais nous ne saurions fermer les yeux aux conséquences possibles et probables de la résolution qu’elle vient de prendre et qu’elle exécute déjà Toute la question d’Orient peut s’y trouver rattachée. Ceux qui ont cru, avec une rare imprévoyance, que le problème marocain pouvait être isolé, traité à part, résolu localement, sans qu’il en soulevât d’autres, sans que l’équilibre général en fût ébranlé, commencent-ils à reconnaître leur erreur ? Quanta nous, nous sommes préoccupés, certes, et inquiets ; mais ceux qui ont bien voulu