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comme à Paris, parce qu’on n’y a pas, tant s’en faut, un moindre intérêt.

Si on en croit les journaux, — et nous avons dit. dans quelle mesure il est permis de le faire, — les difficultés actuelles portent sur les questions économiques. Le gouvernement allemand se montre disposé à nous laisser toute liberté politique et militaire au Maroc, comprenant fort bien qu’en échange d’un territoire considérable il ne peut pas nous donner une seconde édition d’un papier comme celui de 1909, auquel il a enlevé lui-même toute valeur : une plus grande précision est devenue nécessaire » Sur l’étendue de la cession le territoire à laquelle nous avons consenti en principe, il y aura sans doute des discussions de détail, mais on croit généralement à l’accord final. Nous faisons en effet la partie belle, et très belle, à l’Allemagne au Congo et au Gabon : si elle ne s’en contentait pas, elle risquerait de tout perdre, et c’est une conséquence à laquelle il n’est pas probable qu’elle s’expose. Pour nous, au contraire, il y a là une des principales difficultés de la négociation. L’opinion n’acceptera pas sans peine, lorsqu’elle en connaîtra l’importance, la cession territoriale à laquelle nous aurons consenti. Le Congo, le Gabon parlent à notre imagination ; nous y avons fait de grands sacrifices ; nos explorateurs et nos soldats y ont déployé une admirable intelligence et un héroïsme plus admirable, encore ; venus ensuite, nos administrateurs en ont fait des colonies évidemment très désirables, puisque les Allemands les désirent avec tant d’âpreté. Mais qu’ont fait ceux-ci pour les obtenir ? Rien : ils n’ont dépensé ni un homme, ni un écu, ni un atonie d’intelligence coloniale : toute leur politique consiste à profiter du travail d’autrui sans s’être donné la peine d’y acquérir aucun droit. Le seul titre qu’ils y invoquent est qu’ils peuvent nous créer des embarras ailleurs et qu’ils renoncent désormais à le faire.

Mais passons : tout ce qu’on peut dire à ce sujet est déjà connu de nos lecteurs. Si l’Allemagne est disposée à nous donner politiquement carte blanche au Maroc et si nous sommes résignés à leur abandonner une partie considérable du Congo, d’où peut venir entre elle et nous le désaccord ? Il vient de ce que l’Allemagne émet, en matière économique, des prétentions inattendues. Jusqu’ici, s’appuyant sur l’Acte d’Algésiras, elle n’avait demandé au Maroc que l’égalité économique, convaincue d’ailleurs, et avec raison, que son activité commerciale et industrielle n’avait besoin que de la porte ouverte pour soutenir avec succès toutes les concurrences. Dans ces conditions, l’entente avec elle était facile, ou plutôt elle était déjà faite, et il suffisait