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grand désarroi qu’il n’y avait plus à s’en inquiéter. Laissant donc un simple détachement pour l’observer, il avait fait tête de colonne à gauche et marché à travers champs dans la direction de Hermstedt-Krippendorf, de façon avenir prolonger la droite de l’Empereur dont il entendait le canon. Quand il arriva, vers 1 h. 15, au Nord de Krippendorff, les 100° et 103e se repliaient. Sans hésiter, il porta toute son infanterie et toute sa cavalerie contre le flanc gauche de l’ennemi, l’arrêta et le lit même légèrement reculer. Ranimés par l’arrivée de Soult, les 100e et 103e s’arrêtèrent et se reportèrent en avant. Entraînés par ce mouvement, les 40e et 21e léger qui tiennent les débouchés de Vierzenheiligen marchent aussi en avant et s’avancent des deux côtés du village que viennent d’incendier les obus prussiens. Plus au Sud, le 25e léger (Ney) et la brigade Lapisse (16e léger et 14e de ligne) gagnent du terrain vers Isserstedt.

L’Empereur voit cet élan spontané de la première ligne. Il sait l’arrivée de Soult et d’autres renforts lui sont parvenus. En même temps qu’apparaît Soult, la brigade Vedel (du corps Lannes) revient victorieuse de son petit engagement en arrière de la ligne avec les deux bataillons saxons. D’autres troupes, les divisions Marchand et Gardanne (corps de Ney), la division Heudelet (corps d’Augereau) commencent à déboucher : les 2 500 dragons de Klein et 1000 cuirassiers d’Hautpoul viennent se ranger près de la Garde. Il juge l’instant décisif, lance la brigade Vedel (64e et 88e) et la brigade Couroux (44e et 105e) dans l’espace compris entre Isserstedt et Vierzenheiligen. Lui-même s’avance, en seconde ligne, avec la Garde, le reste de la division Marchand (corps de Ney), les 2 500 dragons de Klein et 1 000 cuirassiers d’Hautpoul, qui viennent de rejoindre et que Murât prend sous son commandement immédiat. Tout s’ébranle, tout s’élance. La charge résonne. Les musiques se font entendre ; sur tout le front, les colonnes d’attaque s’avancent précédées d’épaisses lignes de tirailleurs. Dans les intervalles de l’infanterie, des batteries, la cavalerie légère des corps de Lannes, Ney et Augereau s’avance pour seconder l’assaut.

Sous cette poussée terrible, la mince ligne ennemie, déjà décimée et démoralisée par les deux heures qu’elle a passées sous le feu des tirailleurs, chancelle, et sur plusieurs points faiblit. La division Desjardins, soutenue par la brigade Vedel et la cavalerie légère du corps d’Augereau enlèvent Isserstedt et,