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Vierzenheiligen et fit faire demi-tour à la brigade Vedel pour qu’elle se portât en observation dans la direction du point où tonnait le canon. Il pressa aussi l’arrivée sur le terrain de la division Desjardins (corps d’Augereau).

Jusqu’alors (il était environ dix heures et demie), le corps de Tauenzien avait été tout seul opposé aux attaques françaises. En vain, de Kappellendorf où il avait couché, Hohenlohe entendait le canon à 10 kilomètres ; en vain il avait reçu des demandes d’ordres de plusieurs de ses généraux, il semblait frappé d’apathie. Au général Zechwitz, il fit répondre de rester dans sa position, qu’il n’y avait pas lieu de penser qu’aucun combat sérieux se livrât dans la journée, au général Grawert que Tauenzien ne devait pas battre en retraite parce qu’il devait conserver le débouché d’Iéna. Entre huit et neuf heures, il vint, sans avoir encore pris aucun parti, au camp du général Grawert. Sur l’ordre personnel de celui-ci, toute la cavalerie était montée à cheval et déployait ses escadrons, la gauche vers Romstedt, la droite vers Holstedt ; l’infanterie se tenait derrière les faisceaux, prête à marcher. Hohenlohe improuva d’abord ces dispositions comme prématurées, et commanda à Muffling de suspendre tout mouvement. Mais Grawert survenu le convainquit de l’urgence d’agir. Le Prince se détermina alors à écrire à Ruchel, cantonné près de Weimar, de lui envoyer des renforts, et à Tauenzien de se replier sur Klein-Ramstedt, et il mit ses troupes en mouvement sur Vierzenheiligen, l’infanterie à la droite, la cavalerie un peu en avant à la gauche. La marche fut assez lente, car on n’arriva que vers dix heures abonne portée de canon de Vierzenheiligen. Là on fit halte. C’était l’instant où Napoléon, voyant l’attaque sur Vierzenheiligen du 40e de ligne (Gazan) repoussée, Krippendorf repris par Tauenzien au 34e de ligne, et entendant derrière lui le combat soutenu par Soult, avait en quelque sorte interrompu l’action.

De son côté, Tauenzien, en voyant avancer l’armée de Hohenlohe destinée à le relever, crut pouvoir, selon les ordres mêmes du Prince, replier sur Klein-Romstedt ses troupes décimées et exténuées ; Vierzenheiligen et ses abords immédiats furent évacués. Le village resta inoccupé.

C’était le moment pour Hohenlohe de faire occuper cette clé de sa nouvelle position. Mais, au lieu d’y pousser incontinent