Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/770

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturelles qui flanquaient le passage, il était résolu, paraît-il, à tenter la résistance sur le Dornberg, mais il reçut une dépêche de Hohenlohe lui commandant de se porter à Kleinsromstedt (une lieue au nord-ouest du Dornberg) où il serait en seconde ligne et trouverait des munitions pour se ravitailler. Tauenzien mit incontinent ses troupes en retraite, abandonnant sans combat sa deuxième position aux tirailleurs de Lannes.

Il était environ neuf heures et demie. Jusqu’alors, la division Suchet et un régiment de la division Gazan avaient été seuls engagés contre les onze bataillons et les huit escadrons de Tauenzien, et l’on avait franchi les débouchés, occupé les hauteurs et l’on était maître de tout ce terrain en avant du Landrafenberg. C’était déjà un beau résultat.

Partout, d’ailleurs, dans les lignes françaises, les mouvemens se prononçaient et s’accéléraient. Toujours pressé de combattre, Ney s’était mis en marche avec sa seule avant-garde (2 bataillons d’élite, le 25e léger, 10e chasseurs et 3e hussards) dès que l’offensive du corps de Lannes lui avait laissé libres les pentes du Landgrafenberg. Il déboucha entre neuf heures et neuf heures un quart à la hauteur de Lutzeroda, prolongeant la gauche de Lannes.

Pendant cette phase préparatoire de la bataille, Soult, avec la division et les brigades de cavalerie légère Margaron et Guyot (les seules troupes du 4e corps qu’il eût encore dans la main), assaillait l’extrême gauche de Tauenzien. Après avoir suivi la route de Naumbourg et les chemins qui contournent le Landgrafenberg à l’Est, il s’était porté sur la partie orientale du bois de Closewitz et en avait chassé, ainsi que du bois contigu de Zwätsen, les tirailleurs de deux bataillons saxons en position derrière les bois. Ces bataillons furent également assaillis et repoussés vers Krippendorf. Pour attendre la cavalerie qui avait dû contourner la lisière Est du bois, la division Saint-Hilaire prit alors position, sur une hauteur, face à Lehesten. Ses éclaireurs qui s’avançaient vers ce village furent reçus par une vive fusillade et quelques coups de canon. On avait affaire au détachement de 4500 hommes formé la veille par Holenlohe et posté à Naumbourg et aux environs sous le commandement de Hollzendorf. Ce général, entendant le bruit du combat de Clozewitz, avait marché au canon et, voyant se déployer devant lui la tête de colonne de Soult, il prenait ses dispositions pour