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M. de Launay, de la façon dont ont pu se produire et se remplir les cheminées du Cap, corrobore cette manière de voir :

Il admet que les terrains horizontaux de la région de Kimberley ont été, un jour, perforés par un phénomène éruptif, une explosion de gaz intérieur, par exemple : alors se sont ouvertes brusquement les cheminées de dégagement dont l’orifice est comparable à ces cratères incomplets des pays volcaniques, souvent transformés en lacs, qu’en Auvergne on appelle des gours. Puis il est monté de la profondeur une masse de roche, à l’état de fusion, entraînant, avec des débris de granit et autres minéraux arrachés au sous-sol de la croûte terrestre, en même temps que des fragmens de toute sorte éboulés des parois de la cheminée, des diamans cristallisés sous une très forte pression en profondeur, dont quelques-uns seuls ont conservé des dimensions appréciables. Le tout s’est solidifié pour des siècles, se recouvrant, à quelques pieds au-dessous du sol, de la carapace calcaire, produite par l’infiltration des eaux du dehors, dont il a été question plus haut, jusqu’à ce que l’homme, mis en éveil par les diamans restés à la surface, vînt extraire les autres de dessous terre. Rien ne prouve, d’ailleurs, que les alluvions diamantifères elles-mêmes ne proviennent pas de cheminées ou de fissures, d’origine éruptive aussi, qui, jusqu’à présent, se sont dérobées à nos recherches.

Seule, et la chose peut paraître singulière au premier abord, l’étude de la composition chimique et minéralogique des météorites devait mettre Moissan sur la nature du fondant à employer et, par conséquent, sur la véritable voie à suivre.

Il y a plus de vingt ans, en effet, que l’on a découvert que les météorites, c’est-à-dire ces roches d’origine cosmique provenant de la dislocation de planètes plus ou moins éloignées de nous et qui, de temps à autre, tombent sur notre globe, contenaient, en proportion relativement considérable, du graphite, du carbone amorphe (charbon), et, en proportion encore plus considérable, des diamans formant une poussière impalpable. Or, ici, il n’y a pas à douter : le précieux minéral est dans une gangue que l’on peut considérer sûrement comme sa gangue primitive. En particulier, le célèbre météorite de Canon-Diable, ramassé dans les solitudes de l’Arizona, contient, les analyses de Moissan l’ont démontré, non seulement les trois variétés allotropiques du carbone que nous venons de rappeler, mais