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fortement que ce soit, à l’abri de l’air, mais, au contact de ce comburant, brûle parfaitement en donnant, tout comme du charbon ordinaire, du gaz carbonique. Plus tard, vers 1840, cette identité de nature entre le diamant et le charbon a été pleinement confirmée par Dumas et Stas qui, cependant, constatèrent que ce minéral laisse parfois, après sa combustion, des traces de cendres de coloration jaune ou rougeâtre, traces d’autant plus abondantes que la pierre contient plus d’inclusions solides, inclusions formées de substances étrangères telles que l’oxyde de fer ou la pyrite, mais constituées quelquefois, aussi, par des matières charbonneuses, et même par de petits diamans d’une teinte différente. La formule du trop célèbre Lemoine, l’adversaire de sir Julius Wernher, est donc parfaitement exacte, si profondément ironique qu’elle soit en réalité : « pour obtenir du diamant, il suffit de prendre du charbon bien pur, du charbon de sucre, par exemple, et de le faire cristalliser. »

Pour les autres pierres nobles, la Chimie moderne a eu moins de peine à les identifier. On sait depuis assez longtemps que l’émeraude, la plus précieuse de toutes à cause de son prix élevé, qui surpasse souvent celui du diamant, est un silico-aluminate de glucinium ; que le rubis, le saphir, de même que l’améthyste et la topaze (il s’agit ici de l’espèce dite orientale) ne sont que des cristaux d’alumine (corindon) colorés par divers oxydes métalliques, oxydes dont l’absence complète caractérise le saphir blanc (corindon pur). On est moins avancé en ce qui concerne les véritables causes des colorations que présentent un si grand nombre de diamans, depuis le diamant bleu de Hope et le diamant vert de Dresde, jusqu’au diamant rouge-rubis de Paul Ier, en passant par les diamans jaunes de l’Inde, du Brésil et du Cap. Un certain nombre de physiciens y voyaient de simples jeux de lumière, dus à un manque d’homogénéité de la masse cristalline. La présence de poches à grisou et même de poches à pétrole à l’intérieur des cheminées du Cap a fait abandonner cette explication : on admet, aujourd’hui, que c’est à des traces d’hydrocarbures que sont dues les colorations si variées du diamant et, probablement aussi, sa phosphorescence.

D’ailleurs, à peine la composition du rubis, du saphir et de l’émeraude fut-elle approximativement connue, que les chimistes n’éprouvèrent pas de trop grandes difficultés à les reproduire dans leurs laboratoires, au moins sous forme de cristaux