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d’ambassadeur que le Régent avait sollicité pour lui[1] ; et que Talleyrand lui envoie ses nouvelles lettres de créance avec les paroles les plus aimables : « Sa Majesté a voulu, en cette occasion, vous donner une nouvelle preuve de satisfaction et de confiance dont je me fais un plaisir d’avoir à vous écrire le témoignage. »

Tout le mois de nivôse se passe ; Lannes est toujours en France : ses efforts sont enfin couronnés de succès, car un rapport de Talleyrand à l’Empereur, daté du 4 pluviôse (24 janvier) » constate que Lannes est autorisé à ne pas retourner à Lisbonne, et propose de lui donner comme successeur le général Junot. Il va reprendre ce rôle de général illustre et de soldat héroïque dont le dernier acte sera la mort glorieuse que lui réserve le champ de bataille d’Essling.

Par décret du 22 mars 1805, il était nommé chef du 4e corps d’armée à l’armée des Côtes de l’Océan : on désignait ainsi les troupes rassemblées à Boulogne pour envahir l’Angleterre, et qui allaient être envoyées sur le Danube pour vaincre l’Autriche. Fitte ne devait pas non plus retourner à Lisbonne ; il y était remplacé par M. de Rayneval, secrétaire de légation à Pétersbourg, qui devint dans la suite un diplomate célèbre. D’autre part, M. José Maria de Souza, le ministre de Portugal à Paris, avait pour successeur M. de Lima, l’ambassadeur extraordinaire au sacre de Napoléon.

« Lorsque le général Lannes revint en France, » dit Méneval, « il était en mesure de disposer du Portugal au gré de Napoléon… ainsi, l’impétueuse susceptibilité de notre ambassadeur servit plus à la cause de la France que la souplesse d’un diplomate consommé. » Si Lannes, à la fin de sa mission, était en mesure, non de disposer du Portugal, mais d’y exercer une influence prépondérante, le mérite en revenait peut-être moins à son action personnelle qu’au prestige de Napoléon. Mais, ces réserves faites, il n’en demeure pas moins exact qu’il avait réussi. À ne considérer que les résultats, la situation de la France en Portugal était, sans conteste, bien autrement favorable en 1805 qu’en 1801, bien que, dans l’intervalle, aucune nouvelle victoire ne fût venue grandir encore sa renommée et sa puissance. Quelles difficultés Lannes n’avait-il pas

  1. Instructions du 29 octobre 1804.