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salons des femmes du monde auxquelles il allait rendre visite ?

L’empressement n’est pas moindre chez le ministre des Affaires étrangères, qui vient d’arriver à Lisbonne. M. d’Araujo fait montre envers la France de dispositions si favorables que Lannes conçoit le projet de convertir le traité de neutralité en traité d’alliance défensive et offensive : « Le Portugal pourrait mettre à notre disposition douze vaisseaux et autant de frégates ; pleins pouvoirs seraient donnés à M. de Lima pour conclure cet arrangement à Paris. »

Mais Napoléon n’entend pas pousser les choses plus loin, du moins pour le moment, il est tout entier aux questions de protocole : les lettres de créance d’abord. Puis, ce sont les présens. M. de Villaverde, en sa qualité de secrétaire adjoint au ministre des Affaires étrangères, sollicite le don d’un portrait de l’Empereur. L’archevêque d’Andrinople, qui a officié au Te Deum a reçu une magnifique tabatière et se confond en remerciemens. De son côté, le Régent charge Araujo d’envoyer à Talleyrand une tabatière garnie de diamans, ainsi qu’un solitaire dans une bague : « C’est une production de ses États, et Son Altesse Royale sera charmée que Votre Excellence regarde ce présent comme un souvenir de sa part. » D’autre part, en annonçant que Lima résidera dorénavant à Paris comme ambassadeur extraordinaire, il demande que Lannes soit maintenu à Lisbonne avec un titre égal ; et le Régent écrit personnellement à l’Empereur pour lui exprimer ce désir. »

De pareilles marques de faveur durent paraître bien douces à celui qui s’était vu précédemment accueilli avec tant de méfiance et d’hostilité. Mais en ce moment il était surtout préoccupé de se rendre à Paris pour assister au sacre de l’Empereur. Dès qu’il avait appris la proclamation de Napoléon, Lannes s’était empressé de demander un congé. Mme Lannes et ses enfans le précèdent sur la frégate portugaise, la Carlotta, désignée pour porter M. de Lima. Lui-même part le 21 juillet. Il ne reverra plus le sol du Portugal.

Pendant son voyage, finit par se résoudre sans lui, à Paris, cette question des subsides qui traînait depuis plus de trois ans. Il avait été stipulé que les paiemens seraient faits soit par Bandeira, banquier de la Cour de Lisbonne, soit par la maison Hope et C° d’Amsterdam, soit par toute autre voie. En juin