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Paiement par le Portugal de 25 millions dont 12 dans les six mois (avec faculté d’offrir en partie des denrées ou des marchandises), et les 13 autres, de mois en mois. Introduction en Portugal des soieries, dentelles, bijouteries, vins, eaux-de-vie et tous autres articles prohibés ; diminution des droits d’entrée sur les autres articles, — règlement par un mode général de toutes les réclamations particulières ; extension des privilèges réservés aux Français, aux citoyens des Républiques italienne et helvétique, — renvoi de tous les officiers supérieurs étrangers de terre ou de mer, diminution des droits perçus en France sur les cotons et les cafés du Brésil, — médiation du Premier Consul entre la Cour portugaise et le Dey d’Alger avec lequel elle était en difficultés.

Lannes s’est trop hâté, car, juste à ce moment, le Premier Consul s’est décidé à lui rendre la direction de la négociation. Le 2 frimaire an XII, il lui fait envoyer des pleins pouvoirs avec les instructions nécessaires pour signer une convention qui doit être secrète : comme base, Lannes prendra l’article 7 du traité de neutralité franco-espagnol ; l’Espagne s’y est engagée à obtenir du Portugal un subside d’un million par mois ; en échange la France reconnaîtra la neutralité du Portugal. Saisissant cette occasion de répondre aux récriminations personnelles de Lannes, Talleyrand ajoute : « Quant à ce qui regarde mon ministère, je vois, en relisant votre lettre du 16 brumaire, que je suis dispensé de mettre aucun intérêt à la réfutation de ce qu’il vous plaît d’alléguer contre l’administration dont le Premier Consul m’a chargé. Ce qui m’importe et doit m’importer à cet égard, c’est de connaître ses intentions et de m’y conformer ; en lui soumettant votre dépêche du 16 brumaire, j’ai appris de lui que je les avais connues et exactement remplies. »

Les prétentions de Lannes, qui dépassaient celles de Bonaparte, avaient paru très dures au gouvernement portugais : car celui-ci avait évidemment cru trouver, en s’adressant à lui, des conditions plus douces que celles dont l’Espagne se faisait l’interprète et il en rencontrait de plus rigoureuses. En pareille occurrence, que faire, sinon gagner du temps ? Aussi, à l’Espagne qui le presse, le Régent répond-il qu’il ne connaît ni le traité, ni les conditions qu’il renferme, soit pour y adhérer, soit pour en faire un autre pareil. À Lannes qui le harcèle, très inquiet de savoir si on a déjà conclu quelque accord, il déclare qu’il a