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ou à l’épileptique qui tue dans une crise de fureur inconsciente.

Ils ne sont pas irresponsables.

Mais ils ne sont pas non plus responsables comme tout le monde ; ils n’ont pas leurs neurones psychiques normaux. L’hérédité, les poisons, la mauvaise éducation, les maladies antérieures ont altéré leurs cellules cérébrales : leur responsabilité est atténuée.


Quels sont, au fond, les élémens constitutifs de ce lamentable état psychique ?

D’un mot, ces sujets sont, comme je l’ai dit, des débiles mentaux ; leur psychisme est débile sous toutes ses formes : intelligence, sensibilité et volonté.

D’abord, leur intelligence est bornée : même quand ils ont fait des inventions ou combiné un crime, ils montrent une intelligence remplie de lacunes, sans équilibre et surtout dépourvue de bon sens : les illogismes et les contradictions fourmillent dans leurs actes. Ils désertent bêtement pour un but futile ou sans but, sachant qu’ils encourent la prison et le conseil de guerre ; ils vont dépenser l’argent du vol dans la maison publique la plus voisine où la police les attend comme dans une souricière, ou s’affichent sans même se grimer dans les music halls les plus étroitement surveillés. Quand ils font des raisonnemens logiques, ce sont des raisonnemens d’enfant. Ils présentent toute leur vie ce que Duprat a appelé « l’infantilisme pervers ; » ils restent puérils à tout âge, mentent niaisement et le plus souvent, s’ils savent lire et écrire, ils n’ont réussi à recevoir qu’une instruction des plus élémentaires, sauf parfois sur un tout petit point pour lequel ils sont extraordinairement précoces et brillans.

Leur débilité sensitive et effective est encore plus marquée : très égoïstes, ils ont des sentimens familiaux tout à fait rudiment aires, abandonnent facilement la maison paternelle, font de longues fugues sans donner de leurs nouvelles et sans souffrir de n’en point recevoir. Ils n’ont de pitié ni pour les gens ni pour les bêtes, ou bien ils ont une sensibilité pervertie qui les fera plus souffrir devant un chien écrasé que devant une femme qui agonise. Certains éprouvent même de la jouissance à voir souffrir les autres.

Absurdement fanfarons, ils n’ont pas peur de ce qui les