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gouvernement ottoman restèrent excellens. Aujourd’hui, « grécisans » et « roumanisans » ont cessé de se combattre les armes à la main, et les relations diplomatiques entre Athènes et Bucarest viennent d’être reprises ; mais la Révolution ottomane n’a pas coupé court à la propagande roumaine en Macédoine ; les Valaques du Pinde, avec leurs écoles où l’on parle roumain, se distinguent toujours des Grecs par leur loyalisme plus actif à l’égard des Turcs et par leur résistance à l’influence religieuse et politique du Patriarcat phanariote ; pour la politique roumaine, ils restent comme une monnaie d’échange ou comme un jalon d’attente pour le cas où de nouvelles complications viendraient à changer les destinées de la Turquie d’Europe.

Les Vainques du Pinde ne sont que les cousins germains des Roumains de la Moldavie et de la Valachie, mais les Roumains de Transylvanie sont bien leurs frères. Le massif transylvain est la véritable patrie de la race, la forteresse historique de la nationalité. Les Roumains qui vivent sujets du roi Habsbourg et gouvernés par les Hongrois sont aujourd’hui près de 3 millions et demi ; ils forment la grande majorité de la population de la Transylvanie ; ils sont nombreux dans le Banat, la Crichiane et le Maramourèche. C’est un peuple de paysans ; la noblesse a été, depuis des siècles, magyarisée ou attirée vers le Bas-Danube, et le peuple a été réduit au servage de la glèbe ; il est resté dans cette condition jusqu’au règne de Joseph II. Les longues luttes des Roumains des Carpathes pour sauvegarder et, plus tard, pour recouvrer leur indépendance ne sont pas aujourd’hui notre sujet. Il faut rappeler cependant qu’au moment de la Révolution de 1848, l’une des revendications des Hongrois fut l’incorporation de la Transylvanie, qui, jusque-là, formait un duché autrichien séparé, au royaume de Hongrie ; aussi vit-on les Roumains se lever pour le maintien de leur autonomie relative et combattre vigoureusement, comme les Croates de Jellachich, pour l’Empereur et Roi contre les Magyars ; ils contribuèrent à l’échec final des armées hongroises. Ils devaient être mal récompensés de leur loyalisme ; le compromis de 1867 consacrait l’incorporation de la Transylvanie à la Hongrie et abandonnait les Roumains à la discrétion des Magyars. L’histoire des Roumains de Hongrie, depuis cette époque, est celle des efforts du gouvernement et des fonctionnaires de Budapest pour les magyariser et de la