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l’Eglise et le Centre s’approvisionnaient de science politique, afin de s’assurer l’avenir.


VIII

Les laïques se montraient audacieux pour entreprendre ; les prêtres, audacieux pour souffrir ; ils avaient, les uns et les autres, une volonté de courage, qui donnait l’impression de l’inflexibilité. L’État, de toute évidence, s’était mis dans une impasse. L’idée d’en finir avec cette lutte religieuse gagnait chaque jour quelques adhérens. Au Landtag, le 21 février 1877, Dauzenberg, député du Centre, constatait cet esprit nouveau : il citait le national-libéral Miquel, comme partisan d’une application aussi restreinte que possible des lois de Mai ; il prenait acte, se réjouissait, n’esquissait lui-même aucune concession. Ses collègues, au cours de la discussion budgétaire, énuméraient les ruines accumulées par le Culturkampf, protestaient une fois encore, et se taisaient, jusqu’à ce qu’une occasion nouvelle leur fût donnée de refaire, pour l’Allemagne et pour l’Empereur, leur irréfutable réquisitoire. Le besoin de paix suscitait des bruits de paix : Ratibor, l’ancien « catholique d’Etat, » parlait à Gontaut d’une entente prochaine ; on recontait que Schorlemer-Alst y travaillait. A croire toutes les rumeurs qui circulaient, on eût dit que des intentions conciliantes, écloses un peu partout, se tâtaient entre elles, s’éprouvaient mutuellement, avançaient de toutes parts, et puis reculaient un peu, pour avancer encore.

Subitement, à la chancellerie, les portes claquèrent : Bismarck voulait s’en aller. Il était en conflit avec Stosch, chef de l’amirauté : l’Empereur avait refusé la démission de Stosch. Bismarck expédiait la sienne. Il sentait qu’à la Cour, on travaillait de plus en plus activement pour la paix, et cela lui déplaisait. Toute l’Allemagne, voire toute l’Europe, entendaient, aux mois de mars et d’avril, le bruit fait par ce ministre qui voulait partir. Il professait, lui aussi, que le Culturkampf ne durerait pas toujours. Les Polonais, le Pape, avaient rendu la guerre inévitable, mais il espérait et voulait, lui aussi, la terminer un jour. Il en donnait l’assurance, très sincèrement, à Udo de Stolberg ; mais, encore une fois, l’heure où l’État ferait la paix, les conditions que l’Etat y mettrait, devaient être fixées