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fer de Téboursouk, réclamé par les colons, elles estimèrent que la section de Mateur à Béja devrait être établie par la Tunisie à ses frais exclusifs ; quant à la ligne de Téboursouk, elle serait « ajournée jusqu’au moment où la Tunisie disposera d’excédons budgétaires suffisans pour y faire face. » La déconvenue fut grande dans la Régence.

Trop d’optimisme a longtemps été de mode au sujet de l’avenir commercial de Bizerte. Un pessimisme excessif règne peut-être aujourd’hui. Les nouvelles lignes n’apporteront certainement pas les tonnages colossaux que les partisans de l’Ouenza bônois indiquaient à la tribune de la Chambre. Elles pourront fournir aux navires charbonniers un fret de retour honorable qui, jusqu’à présent, leur fait entièrement défaut. Une société houillère française s’occupe aujourd’hui d’installer sur la baie de Sebra des dépôts de charbon et une fabrique de briquettes. A mi-chemin entre Alger et Malte, Bizerte pourrait entrer en concurrence avec ces deux escales classiques des navires qui charbonnent. Sa situation géographique en fait une tête de ligne commode des relations rapides avec le continent. Un service hebdomadaire de la Compagnie Transatlantique relie de longue date Bizerte à Marseille. La Compagnie allemande du Norddeutscher Lloyd vient de faire cet hiver la tentative intéressante de prendre Bizerte, pendant six voyages consécutifs d’aller et retour, comme point d’escale entre Gênes et Alexandrie.

Les deux noms de Bizerte et de Gafsa, un port de guerre unique, une merveilleuse affaire de phosphates, résument assez exactement ce que l’opinion courante connaît en France de la Tunisie. Il est une richesse naturelle du sol tunisien que cette opinion ignore généralement, malgré l’appoint qu’elle fournit depuis quelques années au budget du Protectorat et au trafic de ses chemins de fer : ce sont les minerais métalliques, et, au premier rang d’entre eux, le minerai de fer. Actuellement, c’est sur la ligne de Tunis à Kalaa-Djerda, la plus ancienne du réseau minier construit sur les fonds d’emprunt, — elle a été ouverte en 1906, — qu’il faut étudier l’extraction du minerai de fer, industrie récente, mais singulièrement prospère. Deux gîtes sont en exploitation, rattachés tous deux au même embranchement, le Djérissa et le Slata. A lui seul, Djérissa donne au chemin de fer près de mille tonnes par jour.