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Elles répondent : — En ce costume sans épingles, ne sommes-nous pas encore les plus jolies ?…

Elles sont délicieuses. On n'est pas environné d'elles sans émoi.

Elles sont très élégantes et parées de bijoux. Elles ont des diadèmes, des colliers, des boucles d'oreilles, des bracelets. Leurs cheveux sont frisés, disposés sur le front avec un art précieux ; et de longues tresses viennent en avant, tombent droit sur de jeunes seins. Les robes, de toile très fine, collent à leurs corps et, en divers endroits, le dessinent jusqu'à le déshabiller. Afin d'orner le chitôn et l'himation, il y a de larges bandes de broderie que l'artiste a coloriées sur le marbre en bleu, en noir, en rouge et en vert. Il a peint les cheveux en rouge et semblablement les lèvres. Pour les yeux, il a fait un cercle noir, un cercle brun et le point noir de la pupille ; il a mis du noir au bord des paupières. Je ne sais s'il n'a point un peu abusé de toutes ces couleurs. Aujourd'hui qu'elles ont perdu leur éclat et que l'humidité les a lavées et doucement répandues, elles teintent le marbre et lui donnent un aspect de vie, non à la manière de l'horrible statuaire en trompe-l'œil, non à l'imitation de la réalité, mais selon les justes principes de l'art.

Et, de la main gauche, les Corés, toutes les Corés, d'un geste pareil, relèvent à gauche la robe trop longue qui les empêche démarcher vite, de courir et les consacre à demeurer dans la maison où elles sont des objets voluptueux ; ou bien, dehors, elles auront une démarche très attentive, étudiée.

Elles sourient. L'une est une bien douce blonde, un peu vaniteuse, aimable tout de même. Une autre se moque du monde, un peu effrontément ; elle a de l'esprit et la bouche sensuelle. Une autre est une petite brune aux yeux bleus ; et elle fait des mines et elle prend un air bien averti, mais elle ne sait rien du tout. Une autre, avec ses yeux pétillans, est un mauvais sujet fort aguichant. Et une autre est bien langoureuse ; avec ses paupières ombrées et avec son teint mat, avec son visage d'amoureuse fatigue, elle appelle les complimens et les propos fades. Une autre est la boudeuse ; et comme on va l'aimer ! Une autre est une grande dame et qui demande des égards. Une autre, qui sourit de côté, semble perverse à ravir. Une autre, qui a des fossettes aux joues, a les yeux si ingénus qu'elle plaît davantage. Et une autre est la pure beauté. Elle a