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celui de Stephansfeld qui était désigné à ses investigations par certain propos, attribué à un neveu de Frédérique, ce fureteur acharné découvrit la mention d’un enfant présenté à l’hospice en 1787 par M. l’abbé Reimbold, curé à Sesenheim et inscrit sous le nom de Jean Laurent, fils illégitime de Jean Frédéric Blumenhold natif de Pfaffenhofen et de Françoise Louise Wallner, originaire de Schweighausen. — Froitzheim retrouva de plus à la mairie de Strasbourg l’acte mortuaire de ce petit abandonné : mort à vingt ans de la fièvre scarlatine, il est donné pour pâtissier de son métier.

Voilà donc un enfant présenté par l’abbé Reimbold qui, paraît-il, n’en apporta jamais d’autre au même orphelinat, doté de parens dont les noms semblent, après examen, avoir été inventés de toutes pièces et mort pâtissier à Strasbourg Froitzheim appuyé sur les divers élémens de la légende concluait que ce Blumenhold était, le fils de Frédérique et de Reimbold, dont il faudrait seulement placer la naissance après la visite de Goethe, une dizaine d’années après l’époque indiquée par Schweppenhæuser à Naeke ! Mais enfin, objecterons-nous ici, quand le curé de Sesenheim aurait fait autre chose qu’un acte d’intermédiaire charitable, autre chose qu’une œuvre pie en parfait accord avec son ministère lorsqu’il porta cet enfant sans parens à l’hospice, quand même il n’aurait pas été étranger à la naissance de son protégé, nul indice, pas même le plus fugitif, ne met Frédérique en cause dans le document d’archives qui nous est ici proposé. Pour y lire un vague soupçon, il faut le rapprocher d’une série d’affirmations confuses au plus haut degré et le plus souvent contradictoires entre elles, ainsi que nous l’avons fait remarquer. Il est donc inutile de nous y arrêter plus longtemps.

Froitzheim versait en revanche au procès une pièce authentique et d’un caractère fâcheux pour le bon renom de Frédérique, sinon pour sa vertu au sens strict de ce mot. Il citait en effet quelques passages des mémoires inédits d’un pasteur alsacien du nom de Gambs, — mémoires rédigés en 1820, il importe de le remarquer dès à présent, c’est-à-dire huit ans après ceux de Goethe, et certainement influencés par le récit de ce dernier. — Gambs explique dans ces pages qu’en 1778, alors qu’il étudiait la théologie protestante à Strasbourg, il fut invité à Sesenheim pour s’essayer dans l’art de la prédication. En effet