Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/887

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouvernement britannique, éclairé par lord Minto, vice-roi depuis 1905, comprit qu’il fallait faire quelques concessions à l’esprit de critique, aux ambitions qui se manifestaient, et leur donner une part dans la direction des affaires indiennes. Après des négociations qui ont duré trois ans, l’Indian Councils Act, formant un volume de 450 pages, fut promulgué. Il est devenu, sans doute pour une longue période, la Charte qui va régir les relations politiques des conquérans et de leurs sujets.

L’élaboration en fut lente et minutieuse. Les Anglais ont mis dans sa préparation, son étude et sa discussion, la prudence, le souci du détail qui les caractérisent quand ils modifient leurs institutions de gouvernement. Lord Morley, alors secrétaire d’Etat pour l’Inde, avisé par lord Minto des tendances nouvelles que manifestaient les Hindous, avait donné, dès 1906> des instructions pour l’établissement d’un projet de réformes, dont une grande Commission, nommée par le vice-roi, détermina les directions générales. Les lieutenans-gouverneurs eurent un délai d’une année pour faire leurs propositions, d’après un programme largement conçu, qui fut analysé, critiqué par la presse indigène, les conseils législatifs provinciaux, les comités du Congrès national. Le projet de lord Minto répondait à la plupart des objections et pouvait satisfaire les Hindous. Mais les Musulmans, qui n’avaient pas compris d’abord l’importance de la réforme, s’agitaient à leur tour. Leur indifférence s’était changée en crainte, puis en colère. Ils firent entendre leurs doléances au secrétaire d’Etat qui renvoya le projet au vice-roi pour une adaptation plus impartiale aux intérêts de toutes les communautés. Après une nouvelle enquête où toutes les méfiances, toutes les susceptibilités furent écoutées, l’Indian Councils Bill était présenté au Parlement et adopté avec plusieurs amendemens, le 5 mai 1909. Six mois plus tard, il était rendu exécutoire par son insertion dans la Gazette of India.

Il met en pratique deux principes hardis et nouveaux : l’inauguration du suffrage populaire pour les élections des membres indigènes dans les divers conseils législatifs ; la concession aux conseillers élus, sauf dans le Conseil impérial du vice-roi, de la majorité numérique sur l’élément officiel composé de « membres nommés » et de fonctionnaires « membres de droit. » Par la sage réglementation des collèges électoraux, le respect des droits des minorités, l’importance des intérêts qui seront désormais