Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/868

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presse est favorable. Le Morning Chronicle fait seul des réserves, parce que (dit ce vieux nigaud de rédacteur) je fais des fautes de contrepoint et de rythme… Sancta Simplicitas ! Je voudrais bien vous faire entendre ce concert de Sylphes qui les a tant remués… franchement, je crois que cela vous ferait plaisir. Macready est en province. Notre théâtre se traîne, il n’a plus que quinze jours à mourir, la clôture étant fixée au 25.

« Adieu, adieu, remember me ! I am very happy to be able to call myself your friend. H. BERLIOZ. »


Le revers de la médaille, c’était la situation obérée de Jullien et les difficultés de toute sorte qui en résultaient pour Berlioz. La réalisation du deuxième concert devenait fort douteuse avec des musiciens et des choristes qu’on ne payait plus. Quant au chef d’orchestre, ses appointemens couraient les champs, comme il l’écrit à son ami Morel, et il ne devait jamais « les rattraper. » Sans doute l’association des musiciens anglais, dans son banquet annuel, lui décernait des honneurs presque « inusités, » mais la cabale de quelques confrères, menés au combat par Costa, l’empêcha d’obtenir la place de chef d’orchestre de la Société des concerts de Londres, place vacante depuis la mort prématurée de Mendelssohn. Vers le milieu du mois de mai, la détresse du compositeur était devenue telle qu’une fois de plus les idées de suicide, dont sa jeunesse avait été hantée en 1830 et en 1832, se représentaient à son esprit. Enfin le second concert eut lieu le 29 juin et Berlioz retrouva le succès du mois de février. La chronique étrangère de la Gazette musicale l’enregistre, à la date du 9 juillet : « La Symphonie d’Harold, la Marche des pèlerins, les fragmens de Faust » et notamment l’air du Sommeil chanté par Méphistophélès et « rendu par la voix puissante et métallique de Bouché, ont produit un immense effet. Mme Pauline Viardot a supérieurement chanté deux doses mélodies et le concert s’est terminé par l’Invitation à la valse de Weber dont Berlioz a si bien écrit la partition. »

Holmes, l’auteur distingué d’une Vie de Mozart, donna dans l’Atlas, à l’occasion de ce concert, un article très louangeur sur Berlioz, compositeur et chef d’orchestre. Le musicien fut si ravi qu’il envoya à la Gazette musicale ces éloges, traduits. Alfred de Vigny, qui connaissait Holmes et qui pouvait agir utilement sur lui, n’est-il pour rien dans l’idée qu’eut le