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groupemens, en dehors des Chambres, s’émurent ; une assemblée plénière fut convoquée, et l’amendement Painlevé n’échappa à une condamnation quasi unanime que parce que les proportionnalistes, sentant également le danger de se diviser et le besoin de s’unir, se rallièrent tous (M. Painlevé compris) à l’idée émise par M. Jaurès de chercher, au lieu de l’apparentement de plusieurs partis groupés dans une même circonscription, un apparentement des restes d’un même parti dans plusieurs circonscriptions groupées. Ce qui revient à dire qu’au lieu que les radicaux-socialistes et les socialistes indépendans puissent, pour le partage des restes, faire masse commune dans le seul département de la Savoie, par exemple, ce serait avec les radicaux-socialistes de la Haute-Savoie que les radicaux-socialistes, avec les socialistes indépendans de la Haute-Savoie et d’autres départemens voisins, s’il y avait lieu, que les socialistes indépendans pourraient s’unir.

L’apparentement entre partis voisins (proposition Painlevé) ayant prévalu en première lecture, M. Jaurès soutiendra en seconde lecture, devant la Commission du suffrage universel, sa proposition d’apparentement ou plutôt de groupement entre départemens voisins ; solution incontestablement plus conforme à l’esprit de la représentation proportionnelle, et plus dans le sens, aussi, des formations administratives de l’avenir.

Sera-ce assez qu’il ait raison, et que la grande majorité des proportionnalistes soit avec lui, pour que la majorité de la Commission et la majorité de la Chambre consentent à lui donner raison ? Nous le verrons ; et l’on peut croire, à de certaines réticences autant qu’à de certains aveux, que des choses qui n’ont rien à faire avec la représentation proportionnelle, ni avec la réforme électorale, en général, ni, en particulier, avec l’amendement Painlevé, s’agitent sous et derrière l’amendement Painlevé, à l’insu même de M. Painlevé. Il a failli diviser des amis ; va-t-il réconcilier des adversaires ? Ce que nous ne saurions permettre, — je dis ce qu’aucun des partis qui ont mené campagne ensemble depuis trois ans ne saurait permettre, quoi qu’il pense d’ailleurs sur toute autre question, — c’est que la réconciliation se négocie et se scelle aux dépens de la réforme électorale, et contre la représentation proportionnelle. Non, aucun de ces partis : ni l’extrême gauche socialiste, ni le centre progressiste, ni l’Action libérale, ni ceux des radicaux qui n’ont pas été,