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sermon sur l’observation du dimanche le bouleversa et le remplit de remords. C’était le matin, il était à jeun, et il prit la résolution de ne plus se permettre ses divertissemens habituels le dimanche. Cependant, une fois qu’il fut rentré chez lui, qu’il se fut reposé et qu’il eut pris quelque nourriture, l’impression faite sur son imagination se dissipa un peu et il retourna à ses jeux. Mais, au moment de lancer sa balle, il entendit une voix qui lui disait : « Veux-tu laisser tes péchés et aller au ciel, ou garder les péchés et aller en enfer ? » épouvanté, il abandonna ces distractions : toutefois il lui fallut au moins un an pour se résoudre à renoncer à la danse.

Sous le régime des puritains, le jour du repos hebdomadaire est devenu un jour d’ennui et de tristesse en Angleterre ; « mais il y eut un pays où les pasteurs puritains réussirent à mouler également le caractère et les habitudes de la nation et à disséminer leurs doctrines dures et sombres à travers toutes les classes de la société. » En Ecosse, « pays où l’intelligence était engourdie et paralysée par ces terribles sujets de contemplation, où presque toutes les formes d’amusement étaient supprimées[1],… » le dimanche fut, et est encore, paraît-il, autrement ennuyeux qu’en Angleterre. L’évêque Gilbert Burnet, protestant convaincu, parle ainsi du séjour de Charles II parmi les « covenanters : » « Charles se contraignit donc à faire le grave, autant qu’il le pouvait. Il assistait à quantité de prières et de sermons que l’on faisait quelquefois d’une grande longueur… On ne permettait pas au Roi de prendre seulement l’air le dimanche ; et si l’on s’avisait quelquefois de se divertir à la Cour, d’y danser, par exemple, ou d’y jouer aux cartes, les réprimandes étaient sévères. » Walter Scott raconte la même chose. D’ailleurs ce ne sont pas seulement la danse et le théâtre qui sont considérés comme coupables ; bien d’autres amusemens alors populaires sont interdits non seulement le dimanche mais tous les jours, et pour les raisons les plus étonnantes. Par exemple les puritains, dit Hume, et Macaulay le répète après lui interdirent les combats d’ours, non pas parce que cela faisait souffrir l’ours, non pas par pitié, mais parce que cela faisait plaisir aux spectateurs. D’autres divertissemens, plus innocens semble-t-il, sont également interdits. George Fox s’en prend

  1. William Lecky, History of Rationalism.