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. " LA FILLE DU CIEL. 803 SCÈNE VII LES MÊMES, LES FILLES D’HONNEUR. L’Impératrice. — C’est cela... Ma suite, ma funèbre cour et sans doute mon dernier cortège : quatre personnes... (Aux fUles dlionneur.) — Quelles seront les deux d’entre vous, mes filles, qui auront le courage de me suivre dans les noirs sen- tiers, là-bas?... Lks filles d’honneur, fi’inclinant. — Toutes, nous sommes prêtes... Que Votre Majesté dnigne prononcer deux noms. L’Impékatkice, ap^’ès un nlence. — Elégance, Cinnamome... (Éléi/ance ft Cinnamome s’anprochent de l’Impératrice.) Toutes, vous m’êtes chères, mais j’ai appelé celles qui, dans l’adversité, m’ont montré un cœur plus viril. (Aux autres.) Et vous, mes fraîches fleurs si tôt fauchées, que l’eau de la Grande Délivrance vous mène hors de ce monde, très doucement, à travers la paix d’un sommeil. La Pekle. — Aux blessés nous l’avons toute versée. Une autre fille d’honneur. — Nos buires sont vides. La Perle. — Le bûcher nous etîraie... Mais nous savons comment mourir, bonne souveraine. Une autre fille d’honneur. — Le lac du jardin est profond, au pied de l’île des Jades. La Perle. — Quand nous aurons conduit Votre Majesté jusqu’au seuil du sentier noir, en nous donnant la main, nous irons au bord du lac. Une ai tbe fille d’honneur. — Sur la vase où nous dormi- rons tranquilles, les lotus nous enlaceront de leurs racines, et nous revivrons dans leurs fleurs... L’Impératrice, à Lotus-à-Or qui est assise un peu à r écart, tenant toujours sur ses genoux la tête mourante de Porte-Flèche — Et toi, Lotus-d’Or? Lotus-d’Or. — Majesté, acceptez ici même mon suprême salut... M’éloigner de lui, laisser retomber son front, par- donnez-moi si je n’en ai pas le courage... (On commence d’entendre au dehors les trompes des Tartares,, leurs gongs et une clameur qui se rapproche.)