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REVUE DRAMATIQUE


VAUDEVILLE : Le Tribun, pièce en trois actes par M. Paul Bourget. — RENAISSANCE : La Gamine, comédie en quatre actes par MM. Pierre Veber et Henry de Gorsse. — THEATRE-REJANE : L’Oiseau bleu, féerie en six actes et douze tableaux par M. Maurice Maeterlinck. — THEATRE DES ARTS : Fantasio. — THEATRE SHAKSPEARE : Peines d’amour perdues.


Il se joue en ce moment dans notre pays, et, me dit-on, dans tous les pays de notre vieille Europe, un grand drame, où nous sommes tous acteurs en même temps que spectateurs. Il a pour sujet la lutte qui se poursuit entre toutes les forces de destruction coalisées, et tout ce que notre passé nous a laissé d’institutions chères et sacrées. Pendant des siècles nous avons vécu sur un idéal qui unissait dans une complexité harmonieuse et dans un tout indissoluble ces élémens : religion, patrie et famille. Cet idéal a-t-il fait son temps ? Doit-il céder la place à un autre dont l’heure serait venue ? Ou au contraire, est-il le seul dont nous puissions nous accommoder, en sorte que sa disparition ne laisserait après elle que des ruines ? La résistance est opiniâtre, si l’attaque est à la fois violente et méthodique : il ne s’agit de rien de moins que d’une civilisation qui ne veut pas mourir, d’un monde qui lutte pour la vie. De là vient cette atmosphère de combat, que nous sentons peser sur nous et qui rend notre époque si dramatique, au sens propre du mot, puisque drame signifie combat. Ce conflit, essentiel à notre temps, est celui même que M. Paul Bourget, depuis qu’il écrit pour le théâtre, s’est proposé de mettre à la scène. Chacune de ses pièces déjà représentées : le Divorce, l’Émigré, la Barricade, en était un épisode. Ainsi en est-il encore pour le Tribun. C’est ce qui donne à ces pièces une portée