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fournir au Trésor les avances que la deuxième République allait au contraire lui demander dès ses débuts. La situation de l’établissement s’était d’ailleurs singulièrement fortifiée au cours du demi-siècle qui s’était écoulé depuis sa fondation. Le gouvernement provisoire de 1848 ne l’ignorait pas lorsqu’il s’adressa à lui pour obtenir des ressources, d’autant plus nécessaires que les impôts rentraient mal, que la situation commerciale et financière était mauvaise, que la récolte avait été déplorable et que l’inquiétude régnait partout. Un traité du 31 mars 1848 stipulait une avance de 50 millions, qui ne devait porter intérêt que si elle n’était pas remboursée au bout d’une année. Un décret du 5 juillet 1848 autorisa un autre emprunt de 150 millions au taux de 4 pour 100 l’an, payable par la Banque, moitié au cours de l’année 1848, moitié au cours de l’année 1849 Les premiers 75 millions devaient être gagés par des rentes sur l’Etat provenant de la Caisse d’amortissement ; les seconds, par la vente consentie à la Banque de 84 729 hectares de forêts domaniales. Le gouvernement n’utilisa ce prêt que jusqu’à concurrence de 75 millions, dont l’échéance fut reculée jusqu’en 1867. En dehors de ces prêts directs au Trésor, la Banque avait, le 6 mai 1848, avancé 30 millions de francs à la Caisse des dépôts et consignations, qui les avait entièrement remboursés le 7 novembre 1850. La ville de Paris, le département de la Seine, la ville de Marseille avaient eu également recours à la Banque, mais s’étaient rapidement libérés vis-à-vis d’elle. Celle-ci, afin d’éviter une dispersion de ses ressources et de conserver les moyens de venir le plus possible en aide à l’Etat et aux établissemens publics, avait suspendu ses avances sur titres aux particuliers jusqu’au 13 septembre 1849.

Le traité de 1852, intervenu entre la Banque et l’Etat, consacra le principe que le Trésor ne paie d’intérêt sur les avances que pour la partie dépassant le solde créditeur de son compte courant à la Banque. Celle-ci avait alors à peu près entièrement cessé d’escompter des bons du Trésor : mais, en 1854, elle en escompta pour 60 millions, et en 1855 pour 40. Lors du renouvellement de son privilège en 1857, elle s’engagea à maintenir jusqu’à l’expiration de sa concession une avance de 60 millions, sous forme d’escompte trimestriel de bons du Trésor, au taux de l’escompte commercial, avec un maximum de 3 pour 100. En même temps, les 100 millions provenant du doublement du