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Bethmont, Cantagrel, Mirman, les amendemens Bienvenu, Pieyre et Courmeaux, les rapports de MM. de la Sicotière et Constans. C’est en 1896 que MM. Le Gavrian et Dansette, d’une part, M. l’abbé Lemire, de l’autre, ouvrirent les voies à la réforme par le dépôt de deux nouvelles propositions de loi ; suivis, à plus ou moins grande distance, par MM. Chassaing (1898), Louis Martin, Vazeille (1901). Mais, sur un mot dédaigneux de M. Waldeck-Rousseau, alors président du Conseil, pieusement recueilli par M. Ruau, depuis lors ministre de l’Agriculture, la Commission chargée d’examiner ces diverses propositions les avait expédiées en quelques lignes. Ce n’est donc qu’en 1905, par la proposition de M. Louis Mill et de plusieurs d’entre nous, que la question fut, au point de vue législatif, efficacement introduite. Et c’est en 1905 que fut présenté à la Chambre le premier rapport où cette question fût abordée au fond, et qui conclut positivement à l’adoption de la représentation proportionnelle. Toutefois, parce que la Commission du suffrage universel était, en ce temps, divisée en trois fractions à peu près égales, proportionnantes, partisans du scrutin de liste pur et simple, tenans du scrutin d’arrondissement, il fut convenu qu’au vote les partisans du scrutin de liste majoritaire s’abstiendraient, laissant les proportionnalistes en face des fidèles du scrutin uninominal. Le hasard fit qu’il manquait un de ces derniers ce jour-là : la représentation proportionnelle l’emporta d’une voix et ne trouva plus, pour lui barrer le passage, que le scrutin de liste pur et simple. Mais, s’il y avait bien, dans la Commission, une majorité contre le scrutin d’arrondissement, il n’y en avait ni pour le scrutin de liste majoritaire, ni pour la représentation proportionnelle : chacun, à cet égard, demeurait obstinément sur ses positions, aucun ne voulait céder à l’autre ni une ligne, ni un point ; et, ainsi que la Commission entière se partageait par tiers, la majorité elle-même, là-dessus, se partageait exactement par moitié. Que faire ? M. Guyot-Des-saigne qui présidait, et qui s’était prononcé pour le scrutin de liste, eut l’idée de renvoyer, comme on dit, les plaideurs dos à dos, en les invitant à se pourvoir devant la juridiction supérieure : on décida de soumettre le litige à la Chambre, par deux rapports, l’un en faveur du scrutin de liste, sans plus, l’autre en faveur du scrutin de liste avec représentation proportionnelle : de la sorte, doublement instruite, elle devinerait, si elle le