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LA BANQUE DE FRANCE

Aucun de ceux qui connaissent et apprécient la force financière de notre pays n’ignore que la Banque de France y contribue pour une bonne part. Mais ceux qui savent sur quels élémens repose la puissance de cet établissement, ceux qui ont étudié son histoire et suivi depuis l’origine la marche sûre, quelquefois ralentie, jamais interrompue, de son développement, sont infiniment moins nombreux. Néanmoins, chaque fois qu’une crise éclate, c’est vers elle que les regards se tournent ; c’est à elle que l’on s’adresse. Qu’il s’agisse de venir en aide à une industrie nationale comme celle des chemins de fer et de lui procurer des capitaux, de sauver de la ruine des banques en péril, ou de prêter au Trésor public un appui essentiel, à l’heure des plus graves épreuves, comme ce fut le cas il y a quarante ans lors de la guerre et de l’invasion allemandes, aussitôt les hommes responsables de la conduite des affaires convoquent le gouverneur et les régens de la Banque et recherchent avec eux les moyens de faire face aux difficultés ou aux dangers d’une situation menaçante. Étudier les origines et la constitution de cet établissement, les étapes de son existence plus que séculaire ; mettre en lumière les raisons du crédit en quelque sorte illimité dont il jouit ; rappeler les époques de notre histoire où il a rendu au public et à l’État d’inoubliables services, ne semble pas une œuvre inutile. Il ne l’est pas non plus de dégager les principes qui résultent à la fois de l’expérience générale et de celle de notre pays en la matière et de montrer avec quel soin il faut veiller sur le crédit de la