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Papauté. Mais, à ce moment encore, ils n’apportent rien de personnel, ils sont tout italianisés. Tout l’art du XVIe et du XVIIe siècle a été créé à Rome, sous l’influence directe de la Papauté, et par des Romains. L’Espagne, pas plus que la France, n’en peut revendiquer le mérite ; ainsi que toutes les nations de l’Europe catholique, elle ne fait que suivre Rome.


Comme les intérieurs, les façades d’églises nous montreront des formes nouvelles ; mais là, plus que dans les intérieurs, les architectes se trouvèrent aux prises avec de grandes difficultés, et malgré leurs efforts et leur science, ils ne parvinrent pas à les résoudre.

L’Italie avait toujours eu pour ses façades une conception consistant à orner simplement le mur terminal découpé à peu près selon les formes de l’église. C’est ce qu’avait fait le Moyen âge pour les basiliques, soit par une décoration en marbres de couleurs comme à San Miniato, soit par des colonnettes comme à Pise. Le gothique, pour un instant, avait provoqué dans les façades des recherches de mouvement ascensionnel, comme à Sienne et à Orvieto. A son tour, la Renaissance, réagissant contre le gothique, avait repris les formes traditionnelles de l’art italien, les formes basses du système basilical.

C’est en présence de ce système que se trouve l’art de la Contre-Réforme, et tous les changemens qu’il y apporte procèdent du même esprit qui avait animé les maîtres gothiques. Ils veulent augmenter l’impression d’élancement de leurs façades pour leur donner un caractère plus chrétien, plus majestueux et plus auguste. On comprend la difficulté d’un tel problème. Si les formes antiques se prêtaient bien au décor intérieur des églises, il n’en allait plus de même pour les façades. Décorer avec des pilastres ou des colonnes, des entablemens et des frontons, un mur plus haut que large ; bien plus, donner avec ces élémens une impression d’élancement en hauteur, de verticalisme, c’était s’attaquer à un problème particulièrement ardu, je dirai plus, c’était aller à l’encontre du principe même des ordres classiques où la prédominance des lignes horizontales est le caractère essentiel. Il n’est donc pas étonnant que cette tentative n’ait pas abouti à un résultat pleinement satisfaisant. Elle était en tout cas particulièrement difficile, et il sera très intéressant de voir les efforts faits par les architectes, et les