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nouveau, mais un de ses grands mérites. Avec les formes de l’art grec, on ne peut guère faire qu’une colonnade ou un portique, on ne saurait faire ni une église chrétienne, ni un monument moderne. C’est un art admirable, mais de ressources très limitées.

En suivant les Romains et non les Grecs, les maîtres de la Renaissance eurent mille fois raison. Les Romains, il est vrai, n’ont pas créé une forme d’art aussi idéalement belle que le Parthénon, mais ils ont créé une architecture bien autrement féconde. En substituant à la colonne le pilier, l’arc à l’entablement, les voûtes de pierre aux plafonds de bois, ils ont créé cette architecture qui depuis deux mille ans règne dans le monde.

Dans cette architecture, l’essentiel ce sont les murs, les épaisseurs de maçonnerie, et l’on pourrait en faire disparaître tout le placage antique sans en modifier en rien la construction. Nous verrons plus tard quelles furent les conséquences d’un tel fait et comment les architectes du XVIIe siècle purent se permettre des fantaisies telles que les frontons contournés ou rompus, qui eussent été impossibles, si ces formes avaient été conservées dans leur caractère constructif.


C’est dans le problème décoratif, tout autant que dans leurs formes purement constructives que les églises de la Contre-Réforme méritent de retenir notre attention. Toutes ont été faites, non pour être décorées de riches ornemens faits uniquement en vue de la joie des yeux, mais pour être couvertes de peintures religieuses. Comme au temps du Moyen âge, au temps de ces basiliques où, sur la longue surface des murailles, les maîtres de l’école de Giotto déroulaient toute une Bible peinte, les architectes, obéissant aux désirs de la pensée chrétienne, ménagent de longues surfaces libres pour que les peintres puissent mettre sous les yeux des fidèles les plus édifiantes images. Et je suis porté à penser que si les architectes ont adopté la forme des voûtes en berceau continu, au lieu des voûtes d’arête plus faciles à construire, ils l’ont fait surtout pour supprimer la fragmentation de ces voûtes et trouver dans une surface unie une plus grande facilité pour le développement des grandes compositions picturales.

Voici comment les peintures se disposent dans l’église. Dans