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« Les scellés sont chez Magon de la Ville Huchet et chez Magon de Coëtizac, nous les levrons (sic) aussitôt que notre travail sera fait chez La Blinnais ; nous avons provisoirement fait mettre en arrestation la femme Coëtizac, ayant trouvé sur elle des cœurs enflammés, figure de raliment (sic) des contre-révolutionnaires et une figure satirique sur le représentant Le Pelletier.

« D’après nos recherches, nous vous prions d’en faire avec la plus scrupuleuse attention chez Magon de la Ballu (sic) et d’y faire procéder au reçu de la présente, afin que le commis de feu Magon père, qui vient de partir pour Paris, ne puisse pas l’instruire de nos opérations avant que les vôtres soient commencées ; nous continuerons de vous instruire du résultat des nôtres. »

Le Comité de Sûreté générale ne s’empressa pas d’obtempérer à l’invitation du Comité de surveillance de Saint-Malo. Il tenait Magon de la Balue. Il avait fait mettre les scellés à l’hôtel de la place des Piques, — c’était le nouveau nom de la place Vendôme, — et des agens fidèles et sûrs en avaient été constitués gardiens. Il était donc assuré que sa proie ne lui échapperait pas. Absorbé par la multiplicité de ses occupations, il ajourna les opérations qui devaient couronner sa criminelle entreprise, se contentant d’ordonner une perquisition dans l’appartement que Magon de la Lande père, mort depuis deux mois, avait, de son vivant, occupé à Paris, rue de la Michodière. Il ne paraît pas que ces recherches chez le défunt aient rien ajouté aux charges qui pesaient sur son fils. Mais le Comité voulait avoir sous la main les trois principaux membres de la famille Magon : La Balue, La Blinaye et La Lande. Celui-ci était déjà parti pour Paris, par ordre du Comité, suivi de sa femme qui n’avait pas voulu se séparer de lui. Un ordre analogue fut donné pour Magon de la Blinaye et pour son employé Gardie et exécuté le 7 nivôse (27 décembre). Arrivés à Paris le 19 après un pénible voyage, ils furent incarcérés à Sainte-Pélagie. Mais le vieillard n’y résida que peu de jours. Son âge et sa santé ébranlée par les émotions qu’il subissait lui valurent d’être transféré dans la maison de santé du citoyen La Chapelle où se trouvait déjà son frère, et, dans leur malheur, ils eurent du moins la consolation d’être réunis.

C’est probablement alors qu’eurent lieu les démarches que