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d’armement, des Magon de la Gervaisais, des Magon de la Giclais, des Magon du Boisgarein, des Magon de la Villehuchet, des Magon de Coëtizac, des Magon de Saint-Elier, des Magon de Closdoré, des Magon du Bos, des Magon de l’Epinay, des Magon de la Vieuville et des Magon de Terlaye.

Sous Louis XIV, un Magon de Terlaye est lieutenant général, lieutenant-colonel des Gardes Françaises et commandeur de Saint-Louis. Sous Louis XV, le lieutenant général Magon de la Gervaisais est créé marquis ; son frère Magon de la Giclais figure sur la liste des brigadiers des armées du Roi. La branché Saint-Elier fournit un gouverneur des Iles de France et de Bourbon, père de l’illustre amiral Magon tué sur son vaisseau à la bataille de Trafalgar. C’est d’un Magon de la Gervaisais que s’éprend à l’aube de sa jeunesse la princesse Louise de Condé, dont le nom associé au sien est en quelque sorte immortalisé par le caractère touchant de leurs chastes amours ; c’est une Magon du Boisgarein qu’épouse, quelques années avant la Révolution, le prince de Savoie-Carignan, frère de Mme de Lamballe, officier au service de France, dont les enfans seront reconnus aptes à monter sur le trône d’Italie, en cas d’extinction de la branche régnante ; c’est enfin une Magon de la Lande qui entre en 1724 dans la maison de Contades par son mariage avec Erasme de Contades, le futur maréchal de France et sa nièce du même nom qui sera la mère du conventionnel Hérault de Séchelles de sinistre et tragique mémoire. Les Magon portent « d’azur au chevron d’or, accompagné en chef de deux étoiles de même et en pointe d’un lion aussi d’or, couronné d’argent. » Ils ont pour devise : Tutus Mago.

Magon de la Balue, que sa situation sociale faisait considérer comme le personnage le plus important de la famille, était presque octogénaire lorsque éclata la Révolution. Son caractère, la dignité de sa vie, sa probité universellement reconnue et la grande fortune dont on le savait possesseur, — elle était estimée à neuf millions, — avaient contribué au puissant crédit de sa maison de banque. Il était le banquier de la Cour et des plus nobles familles de l’aristocratie française. Sur les registres où s’inscrivaient ses opérations, on voit figurer des noms illustres : Montmorency, Matignon, Crussol, Brancas, Breteuil, Du Châtelet, Boisgelin, Talhouet, d’Armaillé, Balleroy, Nicolaï, Récamier, Choiseul, Gramont, Montbarrey, Quélen, d’Havre, Berryer